Accompagnement du sportif en naturopathie, à quoi faut-il penser?

Stratégie thérapeutique du sportif, bien en comprendre l’enjeu et savoir la mettre en pratique

Pas nécessaire de connaître toute la physiologie de l’exercice* pour être capable d’accompagner un sportif quand on est naturopathe.

Il faut juste être capable d’optimiser la santé de cet adepte de l’exercice intensif et de performance.

*La physiologie de l’exercice est l’étude des adaptations du corps à l’effort

Bien sûr, certains sportifs viendront vous voir pour que vous leur conseillez des plantes ou d’autres substances naturelles capables de booster leurs performances (sauter plus haut, porter plus lourd, courir plus vite…plus longtemps,…).

À ceux-là, il faut expliquer que le seul moyen naturel (et bénéfique à long terme) de booster leurs performances est d’optimiser leur santé.

Précision : La performance résulte du fonctionnement optimal de l’ensemble de nos tissus, c’est-à-dire d’un parfait état de santé.

Être en parfaite santé ne garantit toutefois pas d’être performant.

La performance implique aussi de très fines modifications du fonctionnement de nos tissus en réponse à l’entrainement, que l’on qualifie d’adaptations.

D’autres sportifs, en revanche, prendront contact avec vous bien conscients que leurs problèmes de santé (troubles digestifs, syndrome de l’intestin irritable…très fréquent chez les sportifs, problèmes ostéoarticulaires, cutanés, fatigue, infections à répétition, manque d’entrain…de motivation,…) affectent leurs performances, en plus d’être inconfortables, voire douloureux.

Dans tous les cas, il faut expliquer aux sportifs que l’exercice en excès ou « mal géré ». Mal géré voulant dire par exemple: entrainements associés à une vie professionnelle déjà dense, à un travail de nuit, à une alimentation pas optimale, à un manque de sommeil, aux décalages horaires, à un environnement pollué, au stress, à une pathologie, etc »...Bref, que le sport en excès ou mal géré fragilise l’écosystème intestinal.

L’écosystème intestinal, c’est quoi ?

En fait, la barrière intestinale assure le passage d’éléments nutritifs exogènes et possède aussi un rôle de défense d’éléments indésirables (alimentaire, virale, bactérienne, xénobiotique). Ce système est principalement assuré par 4 lignes de défenses:

1. Le mouvement de l’intestin (péristaltisme), qui empêche la rétention et la prolifération de bactéries dans l’intestin ainsi que leur absorption à travers la muqueuse intestinale, et dont nous ne parlerons pas plus dans cet article, afin de nous concentrer sur écosystème intestinal, qui est constitué des 3 acteurs suivants :

2. Le microbiote intestinal, qui contribue à l‘absorption des nutriments, inhibe l’invasion des pathogènes et participe au développement et au fonctionnement optimal du système immunitaire intestinal

3. L’épithélium intestinal, avec une superficie de 300m2 (qui compte près de 300 millions d’entérocytes) qui assure le passage des molécules ainsi que la sécrétion du mucus et des peptides antimicrobiens tels que les b-défensines.

Une des principales fonctions de l’épithélium polarisé est également de séparer les espaces tissulaires et réguler les échanges de matières entre eux. Pour assurer cette fonction, il y a les jonctions serrées, des structures protéiques macromoléculaires qui relient les cellules épithéliales les unes aux autres, formant une barrière intercellulaire qui maintient une perméabilité intestinale équilibrée.

4. Le système immunitaire intestinal (60 à 70 % de la totalité des cellules lymphoïdes de l’organisme), qui assure principalement 2 fonctions essentielles pour le maintien de l’homéostasie intestinale : une fonction de défense contre les micro-organismes potentiellement dangereux, et une fonction de tolérance en empêchant les réponses immunes contre les protéines alimentaires et les composants bactériens du microbiote intestinal.

En résumé, l’écosystème intestinal, c’est la muqueuse, le microbiote et le système immunitaire local

…Et que si un (ou plusieurs) des 3 acteurs de cet écosystème est déjà en souffrance sans pratique sportive, cette agression supplémentaire lié à l’exercice va engendrer des perturbations du système immunitaire local, qui va lui-même générer des troubles digestifs et/ou extra-digestifs (cutanés et/ou ostéo-articulaires et/ou inflammatoire et/ou fatigue chronique,…), qui reflète donc aussi d’une altération de santé, et donc une perte de potentiel athlétique.

Avec l’article d’aujourd’hui, nous allons donc rappeler les effets de la pratique sportive sur cet écosystème intestinal.

Puis nous parlerons brièvement de la gestion des radicaux libres et de l’équilibre acido-basique.

Pour finir, nous résumerons de ce à quoi il faut penser quand on met en place la stratégie d’accompagnement du sportif.

La prise en charge du sportif cible l’optimisation de sa santé, comme n’importe quel autre individu. Bien sûr, il faut aussi inciter cet adepte de l’exercice et du dépassement de soi à avoir une réflexion sur le pourquoi de ses excès de sport et/ou de besoin de performance. On ne peut effectivement pas accompagner « efficacement » quelqu’un qui ne peut pas (ou ne veut pas) remettre en question ce qui « l’emmène dans le mur ».

L’écosystème intestinal est au cœur de l’accompagnement du sportif en naturopathie

L’optimisation de l’écosystème intestinal est au cœur de la stratégie thérapeutique du sportif.

En fait, durant l’effort, l’épithélium intestinal (entérocytes/mucine) subit une adaptation circulatoire plutôt agressive.

Développons…(source schéma: labo lpev)

Accompagnement du sportif en naturopathie

Au repos, le foie, les reins et les viscères sont vascularisés au maximum, afin d’assurer leur travail d’assimilation et d’élimination.

Pendant ce temps, la circulation dans les muscles et la peau est limitée.

Durant l’effort, les muscles reçoivent jusqu’à 20 fois plus de sang.

Pendant ce temps, le foie, les reins et les viscères ont une irrigation sanguine nettement diminuée (ischémie intestinale).

La diminution de l’irrigation digestive durant l’effort = ISCHÉMIE INTESTINALE, avec perte d’oxygénation locale très agressive pour les entérocytes

Si l’effort est en plus associé à la chaleur, l’irrigation de la peau est augmentée afin d’assurer le refroidissement (via les mécanismes de transpiration).

Cet apport supplémentaire de sang à la peau se fait aussi au détriment de l’irrigation du foie, des intestins (10% de moins que lorsque il ne fait pas chaud) et du cerveau.

Durant l’effort, et encore plus s’il fait chaud, l’ischémie intestinale est accentuée s’il y a un manque d’hydratation (par diminution du volume général sanguin).

Suite à cette ischémie, quand l’effort est terminé, on se retrouve face à la reperfusion locale qui dure quelques heures.

Cette reperfusion est elle-même agressive pour la muqueuse locale car ce retour soudain de sang chargé d’oxygène est une source excessive de radicaux libres qui vont agresser les entérocytes (par oxydation de leur membrane, de leurs villosités, de leur noyau, de leurs mitochondries, de leurs jonctions serrées,…).

Rappel : Les radicaux libres sont des espèces chimiques hyperactives et instables qui possèdent un ou plusieurs électrons non appariés. Afin de se stabiliser, ils vont prendre un ou plusieurs électrons à leur proche voisin. Ce transfert d’électrons correspond à une réaction d’oxydation-réduction. L’espèce qui perd un électron est oxydée, celle qui en gagne un est réduite. Dans le cas d’une production et/ou exposition prolongée ou trop grande aux radicaux libres, les conséquences sont défavorables (= stress oxydatif), et sont à l’origine de dysfonctionnements cellulaires qui peuvent conduire au vieillissement accéléré et à un certain nombre de pathologies.

Le stress oxydatif est tout simplement le déséquilibre entre la production des radicaux libres et la capacité à neutraliser ces composés toxiques (capacités antioxydantes) avant qu’ils occasionnent des dégâts.

*

Attention, pas d’amalgame : le sport en excès ou mal géré est source de radicaux libre que le corps a du mal à gérer (= stress oxydatif, car l’organisme n’a pas les capacités antioxydantes suffisantes), mais l’activité physique régulière et d’intensité modérée stimule quant à elle les capacités antioxydantes de façon positive :-)

En résumé, l’ischémie/reperfusion crée :

  • Une érosion des villosités des entérocytes, d’où un moins bon arrimage du film bactérien local (= déstabilisation du microbiote)
  • Une agression des jonctions serrées, d’où une augmentation de la perméabilité intestinale, avec passage possible dans l’organisme de peptides, de bactéries et de substances antigéniques.

Les constituants pouvant passer une muqueuse intestinale trop poreuse :

  • bactéries, à l’origine de choc septique, de perte de connaissance, etc.
  • endotoxines, qui sont des toxines libérées lors de la destruction de certaines bactéries et qui sont à l’origine de choc septique, de problème inflammatoires, etc.
  • protéines alimentaires, qui font réagir le système immunitaire d’où des risques de pathologies auto-immunes, de pathologies inflammatoires ++ locales ou à distance, etc.
  • peptides (= fragments de protéines mal digérées…ex de gluten) qui ne font pas réagir le système immunitaire mais qui peuvent interférer avec des récepteurs cellulaires (hormonaux, sensoriels,…), prenant alors la place d’hormones, de neurotransmetteurs…D’où de possibles douleurs chroniques, fibromyalgie, syndrome de Mesnières, migraines, troubles de l’apprentissage, autisme, etc. (stérilité ?)

Tant que le système immunitaire intestinal est fort, il y a une prise en charge des différents éléments indésirables qui tentent de traverser la muqueuse, et ceci sans qu’il y ait de manifestations cliniques locales ou à distance.

Mais si le système immunitaire intestinal ou général est déjà perturbé (intolérances alimentaires, syndrome de l’intestin irritable, alimentation inadaptée…raffinée, pathologies digestives, infections, inflammation,…), il va s’emballer et générer trop d’inflammation intestinale, ce qui va accentuer la porosité intestinale, puis la perturbation du microbiote, et finir par engendrer des pathologies aiguës ou chroniques, locales ou à distance, comme des problèmes intestinaux et/ou des douleurs ostéoarticulaires et/ou des troubles cutanés et/ou de la fatigues et/ou des troubles auto-immuns et/ou autres troubles inflammatoires et/ou de la fatigue chronique et/ou des troubles du sommeil et/ou une perte de motivation, etc.

A noter : Après l’effort, nos défenses sont naturellement moins performantes (ce qui est lié à une montée de cortisol), et ceci afin de limiter l’inflammation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les sportifs sont sujets aux épisodes infectieux après leurs entrainements (rhume, maux de gorge,…)

Le message au système immunitaire pouvant être modulé (et/ou renforcé) grâce au microbiote, c’est par la prise de certaines souches probiotiques qu’on peut moduler l’inflammation locale et donc aussi extra-digestive (quand cette dernière est une conséquence de l’emballement du système immunitaire intestinal).

Selon les souches, on peut aussi renforcer le système immunitaire et contrer les épisodes infectieux évoqués plus haut.

En ce qui concerne la santé de la muqueuse, il est intéressant d’ajouter un produit cicatrisant (glutamine, zinc, vit A…).

Probiotiques + cicatrisant de la muqueuse, sur une période 2 mois, à renouveler selon les besoins

En plus de cette complémentation, il ne faut pas oublier de vérifier qu’il n’y a pas d’intolérance alimentaire

Il faut aussi inciter le sportif à limiter (voir supprimer) le gluten et les produits laitiers bovins , d’autant plus si ses intestins sont poreux.

Voir aussi s’il y a prise d’antiinflammatoire.

Et s’il y a du stress, qui accentue la porosité intestinale et déprime le système immunitaire (et consomme une grosse quantité de magnésium, ce qui cultive aussi le stress)

À noter : L’hyperperméabilité intestinale est accentuée par les antiinflammatoires non stéroïdiens (tout comme par l’aspirine), et un grand nombre de sportifs (pro) ont une consommation régulière d’antiinflammatoire pour contrer (ou masquer) leurs douleurs.

Ces médicaments cultivant la porosité intestinale, à l’arrêt du traitement, les douleurs reviennent, ce qui incite sportif a reprendre le traitement (cercle vicieux) pour pouvoir s’entrainer.

Revenons aux radicaux libres. Pas ceux générés par la reperfusion mais les autres..

Les radicaux libres (RL)

Plusieurs systèmes sont à l’origine de radicaux libres.

Il y a les systèmes endogènes (chaine respiratoire des mitochondries pour la création d’ATP, infections, inflammation, détoxication,..) et les systèmes exogènes (UV, chaleur, tabac, alcool, stress mal géré…)

À noter: l’inflammation, les infections sont effectivement des sources importantes de radicaux libres (RL). En fait, tout emballement du système immunitaire est une source +++ de RL

Dans le système endogène, en ce qui concerne la pratique sportive, on a effectivement la chaine respiratoire (à l’origine de l’ATP) qui est très active. Et cette fabrication d’énergie nécessaire à la pratique sportive est une source ++ de RL..

Précisions : Les antioxydants les plus connus sont apportés par les aliments : vitamines C et E, caroténoïdes, polyphénols. De là l’importance d’une alimentation santé, d’un bon capital d’enzymes digestifs, d’une bonne flore et d’une bonne assimilation intestinale.

Nous disposons aussi d’enzymes antioxydantes qui, pour être activées, ont besoin d’oligo-éléments issus de l’alimentation : zinc, cuivre, manganèse pour la superoxyde dismutase, fer pour la catalase, sélénium pour la glutathion peroxydase…(vérifiez aussi les éventuelles carences).

D’autres antioxydants produits naturellement par l’organisme sont moins connus, comme le glutathion réduit, l’acide urique, l’acide lipoïque,..

En ce qui concerne l’équilibre acido-basique

Une alimentation alcalinisante est effectivement nécessaire pour tempérer le déséquilibre acido-basique (tendance à l’acidité) que peut générer le sport.

Manger des fruits secs (très alcalinisant) après l’entrainement, par exemple, est un bon moyen de d’apporter une grosse source de minéraux alcalins.

On peut aussi ajouter des compléments alcalinisants.

En résumé

Lors de votre consultation d’un sportif, Il faut déjà répertorier ses points faibles (blessures et/ou infections fréquentes, etc.) et ses perturbations fonctionnelles (maux de ventre, diarrhées, syndrome de l’intestin irritable, problèmes cutanés, troubles du sommeil, nervosité, anxiété…)

Regarder aussi sa charge d’entrainement (quantité, intensité…), le contexte (vie professionnelle associée, qualité du sommeil…), s’il est sujet au stress, comment il se nourrit..

Durant l’enquête alimentaire, par exemple, vous pouvez découvrir que votre client sportif ne mange pas de crudités… afin d’éviter les maux de ventre et les diarrhées lors de ses entrainements (course,…).

En dehors des carences en micronutriments que cela peut occasionner (carences en minéraux et oligoéléments, vitamines antioxydantes et autres, enzymes,…), cela indique aussi que son écosystème intestinal est en souffrance, et même si votre sportif n’en a pas conscience et ne vous l’a donc pas signalé.

N’oubliez pas bien-sûr d’inciter vos clients sportifs à avoir une réflexion sur le pourquoi de leur excès de sport.. (Y noient-t-ils leur anxiété ? Etc.)

Ensuite, après les corrections alimentaires nécessaires (et une complémentation spécifique en fonction des carences), l’éventuelle mise en place d’outils de gestion du stress (magnésium, plantes adaptogènes, oméga 3, vit B,…, sophrologie, EFT, sommeil,…), on conseillera une complémentation « anti-inflammation intestinale » en fonction des besoins (probiotiques, cicatrisant de la muqueuse, mais aussi oméga 3 pour leurs vertus anti-inflammatoires,..)

Encore une chose, une hydratation suffisante est nécessaire chez le sportif…

Et l’apport de boissons énergétiques (riches en certaines sortes de glucides + du sodium), lors de l’effort (et juste après), permet d’éviter l’utilisation des acides aminés (AA) pour faire de l’énergie (épargne d’AA), limite donc aussi la montée du cortisol (effectivement, la création d’énergie à partir d’autres molécules que le glucose est dépendante du cortisol), limite l’inflammation intestinale, permet aussi d’optimiser le statut de CoQ10, dont nous n’avons pas parlé dans cet article mais qui est aussi un élément clé de la fabrication de l’énergie..

*

Voilà, c’est fini pour cet article..

Alors n’hésitez pas à vous exprimer, à nous faire profiter de votre expérience, à poser vos questions, etc., la partie commentaires vous attend…

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;-)

Véronique

10 commentaires

  1. MARINE POULENARD 17 septembre 2020
    • Véronique Duivon 17 septembre 2020
  2. Malvina 3 août 2020
  3. Emilie 1 décembre 2019
    • Véronique Duivon 2 décembre 2019
  4. rebecca 18 septembre 2019
    • Véronique Duivon 18 septembre 2019
  5. James 21 janvier 2019
    • Véronique Duivon 30 janvier 2019

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