Le syndrome de l’intestin irritable nécessite une prise en charge particulière (article 1 sur 3)
La 1ère fois que j’ai été confrontée en consultation à une personne souffrant d’un sérieux syndrome de l’intestin irritable (c’est à dire d’un syndrome de l’intestin irritable ou SII ayant des répercussions importantes sur la vie de cette personne tant les symptômes étaient fréquents et accentués), j’ai vite réalisé que les stratégies alimentaires habituellement proposées en naturopathie pour régler les simples troubles digestifs fonctionnels n’allaient pas suffire. Qu’il fallait ici une stratégie alimentaire encore plus spécifique, et que je ne connaissais pas encore.
J’ai donc fait mes recherches, et je me suis formée à cette stratégie alimentaire spécifique anti syndrome de l’intestin irritable. Et depuis, je peux aider les personnes souffrant de ce trouble et qui poussent les portes de mon cabinet à retrouver la paix viscérale..
Ce que je vous propose donc à travers ce 1er article sur 3 consacrés à la prise en charge de ce syndrome de l’intestin irritable, c’est déjà de voir ses caractéristiques (clinique et causes), puis comment on le diagnostique, ainsi que le rôle de l’alimentation dans l’apparition de ses symptômes.
Dans les 2 prochains articles, on passera à la prise en charge thérapeutique, qui a en fait 2 temps…
Allez, on commence par le descriptif..
Syndrome de l’intestin irritable (SII) : symptômes, causes et diagnostic.
Le syndrome de l’intestin irritable (ou colopathie fonctionnelle, ou IBS en anglais pour irritable bowel syndrome) est un trouble fonctionnel, c’est à dire qu’il n’engendre pas de lésions organiques, contrairement à la maladie cœliaque, à la maladie de Crohn, etc., ou la paroi intestinale est endommagée.
Ainsi, le SII est médicalement considéré comme un dysfonctionnement mineur, sans conséquence, ni risque de complications.
Par contre, il altère considérablement la qualité de vie, surtout quand il est carabiné, ce qui le rend alors terriblement anxiogène.
Le Dr Pierre Nys – endocrinologue et nutritionniste – décrit d’ailleurs très bien (dans l’encart du dessous) le calvaire qu’une personne souffrant d’un SII carabiné peut vivre :
Vous voyez, ce trouble est une source de stress importante. Et le stress cultive également ce trouble (comme évoqué plus haut).
La prise en charge du stress est donc également nécessaire pour limiter l’apparition des symptômes.
Ceci dit, poursuivons..
Il existe 3 formes de syndrome de l’intestin irritable :
- avec douleurs abdominales et diarrhées
- avec douleurs abdominales et constipation
- avec douleurs abdominales, diarrhée et constipation
Lors d’un syndrome de l’intestin irritable, la constante est donc des douleurs abdominales et des troubles du transit.
Examinons un peu ces douleurs (spasmes, torsions, parfois brûlures) :
Elles sont diffuses ou localisées, surviennent le matin ou après le repas (de 15 mn à 2h/3h après), rarement dans la nuit.
Elles sont souvent brèves, récidivantes, avec des pics d’intensité.
Elles sont dues à une hypersensibilité des terminaisons sensitives de la muqueuse intestinale qui surréagissent aux ballonnements et aux gaz engendrés par hyper-fermentations de certains composants du bol alimentaire.
Lors d’un SII, en plus de cette hypersensibilité sensitive et de la mauvaise qualité du microbiote, il y a aussi une mauvaise synchronisation des mouvements de l’intestin, qui ne permet donc pas au colon d’effectuer correctement sa fonction, d’où un transit accéléré ou ralenti, ou alternance des 2 en fonction des personnes et aussi des moments.
Lors d’un SII, il peut aussi y avoir des pesanteurs et/ou des brulures d’estomac, du reflux, l’impression de ne jamais arriver à se vider les intestins quand on va à la selle, des gargouillis, des glaires dans les selles, des douleurs au niveau du rectum.
Sans oublier de la fatigue. Déjà parce que les processus digestifs (d’autant plus quand ils sont perturbés) demandent beaucoup d’énergie. Et puis aussi parce que ces processus digestifs perturbés engendrent des problèmes d’assimilation de micronutriments…. d’où des carences possibles en vitamines, minéraux, oligo-éléments, etc.
Certaines des personnes souffrant de SII ont aussi des douleurs musculaires diffuses (fibromyalgie) et/ou des envies d’uriner fréquentes et incontrôlables (syndrome de la vessie douloureuse = cystite interstitielle).
Avant de passer au diagnostic, récapitulons les causes du SII :
- hypersensibilité sensitive intestinale (qui rend les gonflements douloureux)
- microbiote perturbé (avec micro-inflammation locale et augmentation du risque d’hyper-porosité intestinale)
- tendance à l’hyper-fermentations de certains composants du bol alimentaire (= intolérance) à l’origine de gaz et de gonflements
- perturbation de la motricité intestinale à l’origine de perturbations du transit
- stress
- fragilité constitutionnelle (génétique)
Passons maintenant au diagnostic..
Par définition, puisque le syndrome de l’intestin irritable est un trouble fonctionnel, les examens et les bilans sanguins sont normaux.
Le diagnostic est donc essentiellement clinique et repose sur les critères de Rome III (voir encart suivant)
Toutefois, si le médecin a un doute quant à l’origine des symptômes, il peut demander des examens et des analyses sérologiques (diagnostic par élimination).
L’objectif de ces examens complémentaires étant d’exclure une affection organique (maladie de Crohn, maladie cœliaque, rectocolite hémorragique, diverticulite,..) et/ou une allergie ou une hypersensibilité alimentaires (voir plus bas pour bien comprendre les différences entre l’allergie et l’hypersensibilité alimentaire).
Encore une chose avant de passer au rôle de l’alimentation dans l’apparition des symptômes:
Les spécialistes soupçonnent que «parmi les patients diagnostiqués SII» se cache un grand nombre de personnes souffrant de la maladie cœliaque.
Les médecins préconisent donc des examens sérologiques et une biopsie aux personnes souffrant de SII, afin de dépister une éventuelle maladie cœliaque (qui est généralement retrouvée chez 3 à 4 % des patients souffrant de SII.)
Parmi les patients souffrant de SII, on peut aussi découvrir des cas de «sensibilité au gluten non cœliaque», mais ce n’est pas systématique.
Autrement dit, en cas de suspicion de SII, vérifier que ce n’est pas plutôt une maladie cœliaque ou une hypersensibilité non cœliaque au gluten.
A l’inverse, en cas de maladie cœliaque ou de sensibilité au gluten non cœliaque, penser qu’il peut aussi y avoir un SII associé.
Et si on est face à un SII avéré, vérifier qu’il n’y a pas une maladie cœliaque ou une sensibilité au gluten non cœliaque associée.
Vous comprenez maintenant l’importance d’un diagnostic posé par un professionnel ?
Passons maintenant au rôle de l’alimentation dans l’apparition des symptômes du SII.
Les personnes souffrant de SII ont effectivement conscience que certains aliments – ou certaines quantités d’aliments- sont à l’origine de leurs symptômes.
En fait, lors d’un SII, la tolérance à certains composants contenus dans les aliments est faible.
Du moins, quand la quantité de ces composants dépasse une certaine quantité (Exemple pris au hasard : 1 orange ça va, mais 2 ça fermente en excès!)
Lors d’un SII, on parle donc d’intolérance alimentaire, non d’allergie ni d’hypersensibilité. La différence?
C’est que dans l’intolérance, il n’y a pas de réaction du système immunitaire (= pas de production d’anticorps), contrairement à l’allergie et à certains cas d’hypersensibilité.
Pour découvrir les substances “coupables”, les bilans sérologiques ne servent donc à rien.
Il faut juste enlever les substances susceptibles d’être problématiques et voir ce que cette exclusion donne au niveau clinique.
C’est la seule façon (nous verrons cela en détails dans le prochain article).
Ci-dessous, un tableau récapitulatif des différences entre l’allergie, l’hypersensibilité et l’intolérance (alimentaires ou autre)..
A droite dans le tableau, regardez, il y a déjà un aperçu des substances qui peuvent poser problèmes lors d’un SII.
On en reparle dans les 2 prochains articles de cette série….
Le prochain article se trouve d’ailleurs ici;-)
Et le dernier, là ;-)
Véronique
Ps: pensez à partager cet article sur le syndrome de l’intestin irritable sur vos réseaux préférés et avec vos amis. Pensez aussi à partager votre expérience ou témoignage… et ce dans la partie commentaire qui se trouve plus bas :-)
Bonjour Véronique,
Accompagnez-vous les personnes ayant la maladie de Crohn ?
Je suis diagnostiquée depuis 2006 et traitée et sous contrôle (comme disent les médecins ) mais j’ai des inconforts importants comme ceux que vous décrivez pour le SII (ballonnements, gaz, diarrhées) J’aimerai donc être accompagnée pour vivre mieux et calmer ces symptômes.
Oui, j’accompagne aussi les personnes qui souffrent d’une maladie de Crohn..
Bien à vous
Véronique