Stratégie thérapeutique du sportif, bien en comprendre l’enjeu et savoir la mettre en pratique
Pas nécessaire de connaître toute la physiologie de l’exercice* pour être capable d’accompagner un sportif quand on est naturopathe.
Il faut juste être capable d’optimiser la santé de cet adepte de l’exercice intensif et de performance.
Bien sûr, certains sportifs viendront vous voir pour que vous leur conseillez des plantes ou d’autres substances naturelles capables de booster leurs performances (sauter plus haut, porter plus lourd, courir plus vite…plus longtemps,…).
À ceux-là, il faut expliquer que le seul moyen naturel (et bénéfique à long terme) de booster leurs performances est d’optimiser leur santé.
D’autres sportifs, en revanche, prendront contact avec vous bien conscients que leurs problèmes de santé (troubles digestifs, syndrome de l’intestin irritable…très fréquent chez les sportifs, problèmes ostéoarticulaires, cutanés, fatigue, infections à répétition, manque d’entrain…de motivation,…) affectent leurs performances, en plus d’être inconfortables, voire douloureux.
Dans tous les cas, il faut expliquer aux sportifs que l’exercice en excès ou “mal géré”. Mal géré voulant dire par exemple: entrainements associés à une vie professionnelle déjà dense, à un travail de nuit, à une alimentation pas optimale, à un manque de sommeil, aux décalages horaires, à un environnement pollué, au stress, à une pathologie, etc »...Bref, que le sport en excès ou mal géré fragilise l’écosystème intestinal.
…Et que si un (ou plusieurs) des 3 acteurs de cet écosystème est déjà en souffrance sans pratique sportive, cette agression supplémentaire lié à l’exercice va engendrer des perturbations du système immunitaire local, qui va lui-même générer des troubles digestifs et/ou extra-digestifs (cutanés et/ou ostéo-articulaires et/ou inflammatoire et/ou fatigue chronique,…), qui reflète donc aussi d’une altération de santé, et donc une perte de potentiel athlétique.
Avec l’article d’aujourd’hui, nous allons donc rappeler les effets de la pratique sportive sur cet écosystème intestinal.
Puis nous parlerons brièvement de la gestion des radicaux libres et de l’équilibre acido-basique.
Pour finir, nous résumerons de ce à quoi il faut penser quand on met en place la stratégie d’accompagnement du sportif.
L’écosystème intestinal est au cœur de l’accompagnement du sportif en naturopathie
L’optimisation de l’écosystème intestinal est au cœur de la stratégie thérapeutique du sportif.
En fait, durant l’effort, l’épithélium intestinal (entérocytes/mucine) subit une adaptation circulatoire plutôt agressive.
Développons…(source schéma: labo lpev)
Au repos, le foie, les reins et les viscères sont vascularisés au maximum, afin d’assurer leur travail d’assimilation et d’élimination.
Pendant ce temps, la circulation dans les muscles et la peau est limitée.
Durant l’effort, les muscles reçoivent jusqu’à 20 fois plus de sang.
Pendant ce temps, le foie, les reins et les viscères ont une irrigation sanguine nettement diminuée (ischémie intestinale).
Si l’effort est en plus associé à la chaleur, l’irrigation de la peau est augmentée afin d’assurer le refroidissement (via les mécanismes de transpiration).
Cet apport supplémentaire de sang à la peau se fait aussi au détriment de l’irrigation du foie, des intestins (10% de moins que lorsque il ne fait pas chaud) et du cerveau.
Durant l’effort, et encore plus s’il fait chaud, l’ischémie intestinale est accentuée s’il y a un manque d’hydratation (par diminution du volume général sanguin).
Suite à cette ischémie, quand l’effort est terminé, on se retrouve face à la reperfusion locale qui dure quelques heures.
Cette reperfusion est elle-même agressive pour la muqueuse locale car ce retour soudain de sang chargé d’oxygène est une source excessive de radicaux libres qui vont agresser les entérocytes (par oxydation de leur membrane, de leurs villosités, de leur noyau, de leurs mitochondries, de leurs jonctions serrées,…).
En résumé, l’ischémie/reperfusion crée :
- Une érosion des villosités des entérocytes, d’où un moins bon arrimage du film bactérien local (= déstabilisation du microbiote)
- Une agression des jonctions serrées, d’où une augmentation de la perméabilité intestinale, avec passage possible dans l’organisme de peptides, de bactéries et de substances antigéniques.
Tant que le système immunitaire intestinal est fort, il y a une prise en charge des différents éléments indésirables qui tentent de traverser la muqueuse, et ceci sans qu’il y ait de manifestations cliniques locales ou à distance.
Mais si le système immunitaire intestinal ou général est déjà perturbé (intolérances alimentaires, syndrome de l’intestin irritable, alimentation inadaptée…raffinée, pathologies digestives, infections, inflammation,…), il va s’emballer et générer trop d’inflammation intestinale, ce qui va accentuer la porosité intestinale, puis la perturbation du microbiote, et finir par engendrer des pathologies aiguës ou chroniques, locales ou à distance, comme des problèmes intestinaux et/ou des douleurs ostéoarticulaires et/ou des troubles cutanés et/ou de la fatigues et/ou des troubles auto-immuns et/ou autres troubles inflammatoires et/ou de la fatigue chronique et/ou des troubles du sommeil et/ou une perte de motivation, etc.
Le message au système immunitaire pouvant être modulé (et/ou renforcé) grâce au microbiote, c’est par la prise de certaines souches probiotiques qu’on peut moduler l’inflammation locale et donc aussi extra-digestive (quand cette dernière est une conséquence de l’emballement du système immunitaire intestinal).
Selon les souches, on peut aussi renforcer le système immunitaire et contrer les épisodes infectieux évoqués plus haut.
En ce qui concerne la santé de la muqueuse, il est intéressant d’ajouter un produit cicatrisant (glutamine, zinc, vit A…).
En plus de cette complémentation, il ne faut pas oublier de vérifier qu’il n’y a pas d’intolérance alimentaire
Il faut aussi inciter le sportif à limiter (voir supprimer) le gluten et les produits laitiers bovins , d’autant plus si ses intestins sont poreux.
Voir aussi s’il y a prise d’antiinflammatoire.
Et s’il y a du stress, qui accentue la porosité intestinale et déprime le système immunitaire (et consomme une grosse quantité de magnésium, ce qui cultive aussi le stress)
Revenons aux radicaux libres. Pas ceux générés par la reperfusion mais les autres..
Les radicaux libres (RL)
Plusieurs systèmes sont à l’origine de radicaux libres.
Il y a les systèmes endogènes (chaine respiratoire des mitochondries pour la création d’ATP, infections, inflammation, détoxication,..) et les systèmes exogènes (UV, chaleur, tabac, alcool, stress mal géré…)
Dans le système endogène, en ce qui concerne la pratique sportive, on a effectivement la chaine respiratoire (à l’origine de l’ATP) qui est très active. Et cette fabrication d’énergie nécessaire à la pratique sportive est une source ++ de RL..
En ce qui concerne l’équilibre acido-basique
Une alimentation alcalinisante est effectivement nécessaire pour tempérer le déséquilibre acido-basique (tendance à l’acidité) que peut générer le sport.
Manger des fruits secs (très alcalinisant) après l’entrainement, par exemple, est un bon moyen de d’apporter une grosse source de minéraux alcalins.
On peut aussi ajouter des compléments alcalinisants.
En résumé
Lors de votre consultation d’un sportif, Il faut déjà répertorier ses points faibles (blessures et/ou infections fréquentes, etc.) et ses perturbations fonctionnelles (maux de ventre, diarrhées, syndrome de l’intestin irritable, problèmes cutanés, troubles du sommeil, nervosité, anxiété…)
Regarder aussi sa charge d’entrainement (quantité, intensité…), le contexte (vie professionnelle associée, qualité du sommeil…), s’il est sujet au stress, comment il se nourrit..
Durant l’enquête alimentaire, par exemple, vous pouvez découvrir que votre client sportif ne mange pas de crudités… afin d’éviter les maux de ventre et les diarrhées lors de ses entrainements (course,…).
En dehors des carences en micronutriments que cela peut occasionner (carences en minéraux et oligoéléments, vitamines antioxydantes et autres, enzymes,…), cela indique aussi que son écosystème intestinal est en souffrance, et même si votre sportif n’en a pas conscience et ne vous l’a donc pas signalé.
N’oubliez pas bien-sûr d’inciter vos clients sportifs à avoir une réflexion sur le pourquoi de leur excès de sport.. (Y noient-t-ils leur anxiété ? Etc.)
Ensuite, après les corrections alimentaires nécessaires (et une complémentation spécifique en fonction des carences), l’éventuelle mise en place d’outils de gestion du stress (magnésium, plantes adaptogènes, oméga 3, vit B,…, sophrologie, EFT, sommeil,…), on conseillera une complémentation « anti-inflammation intestinale » en fonction des besoins (probiotiques, cicatrisant de la muqueuse, mais aussi oméga 3 pour leurs vertus anti-inflammatoires,..)…
Encore une chose, une hydratation suffisante est nécessaire chez le sportif…
Et l’apport de boissons énergétiques (riches en certaines sortes de glucides + du sodium), lors de l’effort (et juste après), permet d’éviter l’utilisation des acides aminés (AA) pour faire de l’énergie (épargne d’AA), limite donc aussi la montée du cortisol (effectivement, la création d’énergie à partir d’autres molécules que le glucose est dépendante du cortisol), limite l’inflammation intestinale, permet aussi d’optimiser le statut de CoQ10, dont nous n’avons pas parlé dans cet article mais qui est aussi un élément clé de la fabrication de l’énergie..
*
Voilà, c’est fini pour cet article..
Alors n’hésitez pas à vous exprimer, à nous faire profiter de votre expérience, à poser vos questions, etc., la partie commentaires vous attend…
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Encore une chose, pour retrouver tous les articles de cette plateforme, rdv à plan du site situé en pied de page
;-)
Véronique
Bonjour,
Sujet très intéressant qui me parle à titre personnel.
Tout à commencé par des anémies à répétition, les médecins ne mont jamais apporté de réponse et solutions.. l’été dernier (2019) j’ai pris contact avec une micro nutritionniste : résultats test laboratoire Barbier et forte intolérances gluten, laitages oeufs et d’en une moindre mesure amande riz noisettes soja pommes de terre etc.
Après un an de sans gluten et laitages et oeufs je garde toujours des douleurs articulaires et musculaires et une grande fatigue.. tout ces accélérer en juin et depuis je suis désemparée, je cherche des solutions de partout, me ruine et moralement c’est éprouvant de ce voir dégradé à 25 ans aujourd’hui.
Votre article ma tellement donné l’intuition d’être dans ce schéma de problème …
Merci de votre réponse
Parlons en au tel, ce sera plus simple..
Envoie moi un mail via la page de contact et je te donnerai mon numéro ;-)
Bonjour,
Merci pour votre article très intéressant.
Je fais actuellement une formation à distance de ” Conseiller en Natuopathie” et j’ai choisi comme sujet de mémoire ” La naturopathie chez le sportif”.
Si vous en avez le temps, peut être accepteriez vous de m’aiguiller sur ce sujet, m’apporter vos conseils et éclairages.
Je vous remercie par avance pour votre lecture et réponse.
Bonne fin de journée.
Malvina
Oui avec plaisir
Appelez moi à partir du 15 aout (je serai rentrée de vacances ;-))
Bonjour,
Je découvre votre site avec beaucoup d’intérêt :-) En cours de formation pour devenir naturopathe et femme d’un coach sportif je voudrais vraiment pouvoir l’aider à adopter la meilleure alimentation pour lui et ses clients, amis sportifs.
A ce sujet, il a un ami de vtt qui est en carence de fer, il est épuisé et les distances parcourues facilement en temps normal sont un enfer pour lui.
Il souffre aussi de diverticules.
Je pense que le soucis de non assimilation vient de son microbiote et surement de son alimentation. Ai-je raison ? il faudrait surement qu’il ajoute des aliments riches en vit C pour mieux assimiler le fer.
Il commence à mal le vivre et j’aimerai lui apporter mon aide.
Merci :-)
Emilie
Bonjour Emilie,
il serait bien de comprendre d’où vient sa carence en fer (alimentation? Saignements?….)
Faudrait aussi voir ses bilans sanguins…(le manque de fer peut par exemple perturber son fonctionnement thyroïdien. Où en est sa THS, etc.)
prends contact avec moi si tu veux qu’on en parle
.-)
Bonjour,
Merci pour cet article très enrichissant. J’aimerais savoir à partir de combien d’heures ou autre peu on considérer qu’il y a excès de sport ?
Merci par avance
Rébecca
Hello Rebecca, je dirais en gros qu’au dessus de 50 minutes de sport intense par jour on est dans l’excès. Mais tout dépend (comme toujours) de l’individu ;-)
Bonsoir et merci pour cet article très instructif. Je suis sportif et également étudiant en naturopathie. Je vis à Lyon et je serai très intéressé de faire un stage dans la naturopathie liée au milieu sportif. Ma question est connaîtriez vous un centre ou autre regroupant des activités sportives et des naturopathes ?
Par avance merci
Bonne soirée
James
Non je n’en connais pas, hélas
(la priorité de la naturo c’est la santé, celle du port la performance….Y’a un truc qui coince ;-))