Stratégie thérapeutique du syndrome de l’intestin irritable- 1ère partie

Stratégie thérapeutique du syndrome de l’intestin irritable : de la première consultation à la mise en place dune stratégie alimentaire spécifique..

Dans le premier article de cette série (de 3) sur la prise en charge du syndrome de l’intestin irritable (SII), nous avons vu l’essentiel à savoir de ce trouble, c’est à dire ses caractéristiques, les critères diagnostiques, ainsi que l’impact de certains composants alimentaires sur ses symptômes. Dans ce 2ème article, nous allons aborder la prise en charge en consultation, du premier contact téléphonique à la mise en place de la première partie de la stratégie thérapeutique…

Rappel des facteurs impliqués dans le SII :

Le SII est caractérisé par :

  1. Une mauvaise coordination des mouvements intestinaux, rendant difficile la fonction du côlon ;
  2. Une digestion incomplète de certains aliments, avec des résidus qui exacerbent les symptômes ;
  3. Une production excessive de gaz.

En résumé, ce syndrome se manifeste par une hypersensibilité viscérale à de nombreux facteurs physiques et psychologiques, accompagnée d’un dérèglement de la motricité digestive.


1. Le premier contact téléphonique

Dès le premier appel, lorsqu’une personne se plaint de troubles digestifs intenses (ballonnements, douleurs abdominales, troubles du transit – diarrhée, constipation, ou alternance des deux), la première étape est de vérifier si elle a consulté un médecin, comme un gastro-entérologue ou généraliste, et si un diagnostic a été posé.

Si elle n’a pas encore consulté, il est indispensable qu’elle le fasse. Cela permet d’écarter des pathologies nécessitant une prise en charge médicale (maladie cœliaque, allergie alimentaire, syndrome de malabsorption du fructose, maladie de Crohn, etc.). De plus, les bilans sanguins prescrits par le médecin peuvent fournir des informations importantes..

Cas d’un diagnostic de SII déjà posé :

Même si un SII est confirmé, il est prudent de rester attentif à d’autres conditions gastro-intestinales, comme la maladie cœliaque, l’hypersensibilité au gluten non cœliaque, l’allergie alimentaire, ou une malabsorption du fructose.

Il est aussi fréquent que le SII accompagne des pathologies telles que la fibromyalgie, l’endométriose ou la cystite interstitielle (syndrome de la vessie douloureuse), et leur prise en charge simultanée peut améliorer de manière significative la qualité de vie des patients, comme déjà indiqué dans l’article précédent.

A noter encore que le SII peut faire le lit d’une candidose digestive et/ou d’un SIBO. Il faut donc penser à vérifier (avec déjà la clinique, puis des examens spécifiques), et adapter la prise en charge en fonction des résultats.

Tout comme la candidose digestive et/ou le SIBO peuvent aussi faire le lit du SII. Encore une fois, il faut vérifier, et prendre en charge ces proliférations fongiques et/ou bactériennes si elles sont présentes.

Enfin, des symptômes extra-digestifs comme les maux de tête, les lombalgies ou les troubles du sommeil peuvent aussi être liés au SII, et une prise en charge globale peut aider à réduire ces manifestations.

Avant de fixer le rendez-vous :

La personne doit être consciente que la stratégie thérapeutique va impliquer des changements alimentaires, c’est incontournable. En cas de doute, il est préférable de l’inviter à revenir une fois prête à s’engager.

Résumé de la prise de contact :

  • Le diagnostic doit être posé par un médecin, avec recherche de troubles organiques associés ;
  • La personne doit être prête à adapter son alimentation ;
  • Des bilans sanguins sont également nécessaires pour vérifier certains paramètres organiques.

2. La première consultation : évaluation de la vitalité et du terrain organique

En consultation, une évaluation globale de la vitalité ainsi que des forces et faiblesses organiques est toujours effectuée. Avec un consulté soufrant de SII, cette démarche comprend également une revue des traitements allopathiques en cours pour repérer ceux susceptibles de perturber le microbiote ou la santé de la muqueuse intestinale (par exemple, inhibiteurs de la pompe à protons, anti-inflammatoires, antibiotiques, médicaments psychotropes).

Cette évaluation est ensuite complétée par une analyse des bilans sanguins pour vérifier la fonction thyroïdienne, la présence d’inflammation, les niveaux de fer et de vitamine D, ainsi que l’état de santé hépatique. Si la personne prend plusieurs médicaments, un soutien du foie et/ou une détoxification hépatique peuvent être envisagés, en fonction des priorités thérapeutiques qui se dégagent au fil de la consultation.

On évalue donc aussi la possibilité d’une candidose digestive ou chronique et/ou d’un SIBO (leurs symptômes pouvant mimer ceux du SII). Et comme déjà indiqué, le SII, la candidose et le SIBO font bon ménage.

Prise en charge du stress :

Les déséquilibres nerveux et psychiques doivent être pris en compte. En plus de l’anxiété, des perturbations hormonales (ménopause, hypothyroïdie, fibromyalgie, etc.) peuvent aggraver les symptômes. Le niveau de stress et d’anxiété est évalué grâce à ce que confie le consulté, mais également, à l’aide de questionnaires comme le questionnaire HAD ou ceux sur la sérotonine et la dopamine.

À retenir : La gestion du stress et des conditions organiques qui perturbent l’équilibre nerveux et psychique est une composante essentielle du traitement du SII.


3. Analyse approfondie des symptômes digestifs et des habitudes alimentaires

Cette étape permet d’identifier les symptômes digestifs et leur fréquence (ballonnements, gaz, douleurs, reflux…). Elle inclut des questions pour établir si ces symptômes sont associés à l’alimentation ou au stress, et ce que la personne a déjà essayé pour les soulager (médicaments, diètes, thérapies, etc.).

Éviction alimentaire temporaire :

Souvent, les personnes atteintes de SII ont déjà tenté d’éliminer le gluten ou les produits laitiers. Si cela n’a pas apporté d’amélioration, il est probable que d’autres facteurs soient en jeu, s’ajoutant ou pas à une sensibilité au gluten et/ou aux produits laitiers.


Enquête alimentaire détaillée :

Cette enquête permet d’évaluer la consommation de fruits, légumes, protéines animales, féculents, produits laitiers, ainsi que la consommation de café ou d’alcool. Elle inclut aussi des conseils sur la mastication, l’évitement des aliments trop froids, gras ou industriels, et l’importance d’un apport suffisant en protéines, vitamines et minéraux.

Le consulté est invité à décrire une journée alimentaire type pour ajuster progressivement son alimentation.

Préparation du plan d’épargne digestive :

Au cours de la consultation, on établit un plan alimentaire d’épargne digestive, avec les mesures suivantes:

  • Suppression du gluten ;
  • Réduction des excitants (café, tabac, arrêt de alcool) ;
  • Suppression des produits laitiers bovins et du lactose ;
  • Suppression des fibres agressives (fibres insolubles), en privilégiant les fibres solubles et les légumes sous forme de jus ;
  • Ajustement des associations alimentaires ;
  • Correction des carences éventuelles (supers aliments en fonction des besoins identifiés) ;
  • Encouragement à mastiquer correctement et à consommer des aliments non industriels, à cuisson douce.

En fin de consultation :

Le consulté repart avec son plan d’épargne digestive et des outils de gestion du stress. Si les symptômes persistent malgré cette approche, on envisagera un régime pauvre en FODMAPs lors du prochain rendez-vous, avec une liste d’aliments adaptés pour aider à réduire rapidement les symptômes.

Pourquoi ne pas instaurer le régime FODMAPs dès le premier rendez-vous ?

Dans de nombreux cas, l’alimentation d’épargne digestive et les outils de gestion du stress suffisent à soulager les symptômes. Cette stratégie est moins restrictive et laisse plus de liberté à la personne tant que cela est efficace.


Voilà pour cette première partie de la stratégie thérapeutique du SII !

Pour découvrir la suite, c’est ici

Et puis si cet article vous a été utile, n’hésitez pas à le partager autour de vous.

Véronique

6 commentaires

  1. Claudette 5 février 2021
  2. LOUIS 10 juin 2020
  3. chris 06 28 mai 2020

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