Fatigue et micronutrition, stratégie d’action

Fatigue et micronutrition, à quels éléments doit on penser pour optimiser la stratégie thérapeutique (naturelle). Fiche pratique

La fatigue est un motif courant de consultation, que ce soit en médecine générale comme en approches de santé non conventionnelles.

(Epidémiologie de la fatigue : 10 à 25% des consultations en médecine générale)

Quand on parle de de fatigue, on parle d’un état de fatigue un peu résistant comme d’asthénie.

Il ne faut toutefois pas les confondre.

Ils n’ont pas les mêmes origines.

Leur approche micronutritionnelle n’est d’ailleurs pas la même.

Rappel : La micronutrition est une discipline récente qui consiste à identifier les besoins nutritionnels de la personne (notion d’individualisation : âge, sexe, activité, environnement, éventuels symptômes ou pathologies…) ; elle optimise ainsi le contenu de l’assiette (nutrition) et donc l’apport de micronutriments (vitamines, minéraux, acides gras, enzymes…contenus dans les aliments) afin de maximiser le fonctionnement organique. Elle vérifie aussi l’assimilation digestive et cellulaire de ces micronutriments, c’est à dire qu’elle vérifie les processus digestifs, la santé du microbiote, celle de la muqueuse intestinale, les synergies moléculaires, l’état d’inflammation, la détox hépatique, le stress, le stress oxydatif, la fluidité des membranes cellulaires, etc.: le contenu de l’assiette n’étant effectivement pas le seul élément à prendre en considération quand on cherche à remonter le statut nutritionnel d’un individu. En parallèle, la micronutrition peut utiliser la complémentation (en vitamines, minéraux, acides aminés, acides gras, fibres, enzymes…), celle-ci n’excédant jamais 300% des ANC (apports nutritionnels conseillés). Ces doses restant physiologiques, elles permettent de rééquilibrer (= optimiser l’ensemble du fonctionnement organique) sans risquer de nuire aux régulations des cellules et des tissus..

Avec l’article d’aujourd’hui, et après rappelé la différence entre fatigue et asthénie, nous verrons comment prendre en charge la première en micronutrition.

Et en ce qui concerne l’asthénie, elle est traitée ici.

Différence entre fatigue et asthénie

La fatigue est un état de lassitude physiologique normale, corrélée avec le niveau d’activité, que cette activité soit physique et/ou psychique..

Elle est calmée par le repos (physique et/ou psychique).

Cette fatigue là est normale.

Si la fatigue persiste, malgré la diminution de l’activité (repos, sommeil, etc.), cette fatigue devient anormale.

Là, la personne a une baisse de performances physiques et/ou psychiques mais sans que cela l’empêche d’assurer ses activités quotidiennes

En dehors d’un manque d’hygiène de vie (manque de repos, alimentation inadaptée,..), cette fatigue un peu persistante peut-être conséquente de déficits micronutritionnels, comme nous allons le voir dans cet article..

Quant à l’asthénie, c’est une fatigue anormale, très présente, spontanée, en dehors de tout effort et qui ne cède pas au repos…

La personne est épuisée et ne pense qu’à dormir. Cet abattement l’oblige même à diminuer ses activités

Cette asthénie traduit un processus pathologique…

Bien sûr, elle peut être aussi accentuée par des déficits micronutritionnels…

Mais elle est avant tout réactionnelle à des perturbations plus profondes..

Causes de l’asthénie

1- d’origine psychique, résultant d’un stress chronique, d’une anxiété persistante, d’une dépression ou d’une névrose.

2- d’origine organique, c’est-à-dire qu’elle est le symptôme d’une pathologie :

  • infectieuse : mononucléose, hépatite, tuberculose, candidose, maladie de Lyme…
  • cardiovasculaire : hypertension artérielle, troubles vasculaires cérébraux
  • cancérologique : cancer et son traitement (chimiothérapie)
  • neurologique : sclérose en plaques, maladie de Parkinson, myopathies…
  • digestive : maladie de Crohn, syndrome de l’intestin irritable,
  • endocrinienne : hyperthyroïdie, hypothyroïdie
  • métabolique : diabète, hypoglycémie, malnutrition, trouble du métabolisme
  • hématologique : anémie, lymphome, leucémie
  • cause toxique : prise de certains médicaments (neuroleptiques, bêtabloquants), d’alcool

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Un cas particulier : le syndrome de fatigue chronique, qui se déclare brusquement, et dont les divers ou différents symptômes se prolongent plus de six mois : asthénie permanente, fatigabilité profonde, intolérance à l’effort, troubles de la mémoire et de la concentration, douleurs musculaires et articulaires, adénopathies, pharyngite, fièvre modérée..

En résumé, la fatigue est réactionnelle à une hygiène de vie pas optimale (manque de repos, alimentation inadaptée, manque d’élimination, sédentarité, petits désordres organiques…) et/ou à des déficits micronutritionnels.

Tandis que l’asthénie reflète un vrai problème de fond.

La stratégie thérapeutique de l’une comme de l’autre consiste donc à identifier ce qui est à l’origine de cet état réactionnel (alimentation inadaptée ? déficits ? manque de repos ? mauvaises éliminations ? stress ? pathologie spécifique ? etc.), à travailler sur cette cause, et bien souvent sur la cause de cette cause.

Fatigue et micronutrition, à quoi doit-on penser ?

Après avoir revu l’hygiène de vie de la personne (sommeil, gestion du stress, quantité d’entrainement si c’est un sportif,…) et les éventuels signes clinique autres que la fatigue (irritabilité, douleurs musculaires, essoufflement,…), on se penche sur l’assiette.

En effet, l’assiette et la clinique peuvent nous renseigner sur les éventuels déficits..

Lors d’une fatigue un peu persistante, il faut ainsi penser au déficit en fer et/ou en magnésium

On peut aussi penser au déficit en coenzyme Q10..

Commençons par le fer.

Rappel : le fer a un rôle essentiel dans le transport de l’oxygène et participe à la synthèse de nombreuses enzymes impliquées dans la synthèse des hormones stéroïdiennes (œstrogènes, testostérone et cortisol), de la bile et de l’ADN. Il intervient également dans plusieurs voies enzymatiques mitochondriales. Il est également nécessaire à la fabrication des tissus conjonctifs, au bon fonctionnement du système immunitaire et à la synthèse de neurotransmetteurs. Ce dernier point explique d’ailleurs pourquoi le manque de fer se manifeste souvent par la baisse de capacités intellectuelles et des troubles du comportement (démotivation, irritabilité,…)

Déficit en fer et fatigue

Un des éléments à vérifier quand on est face à un état de fatigue c’est effectivement le fer.

Et surtout quand on a à faire à une femme.

Quelques chiffres :
23% des femmes en âge de procréer présentent une déplétion des réserves en fer et 4,4% ont une anémie (étude SU.VI.MAX). 60 à 75 % des femmes en fin de grossesse sont déficitaires

En effet, que ce soit lié à ses choix alimentaires (régimes, peu de consommation de produits animaux contenant de bonnes quantités de fer.. tels le boudin, le foie, les viandes rouges) et/ou à des besoins accrus (grossesses, grossesse rapprochées…) et/ou à des pertes excessives (règles hémorragiques,…), le déficit en fer est fréquent chez les femmes.

Rappel : il existe 2 types d’apport alimentaire de fer, le fer héminique et le fer non héminique :

  • Le fer héminique est inclus dans une structure protéique (hémoglobine, myoglobine). On le trouve dans les produits animaux contenant du sang, le boudin noir notamment et les viandes rouges. 25% de cette forme sont assimilables, ce qui est élevé pour du fer, avec un passage dans le sang peu influencé par les autres facteurs alimentaires (par ex : pas perturbé par l’absorption de café et/ou de thé au moment des repas) et les processus de régulation.
  • Le fer non héminique provient des végétaux où il se trouve principalement sous forme oxydée (ferrique = Fe3+), assimilable à un niveau faible (de l’ordre de 5%), suivant un mécanisme complexe sensible à la composition du bol alimentaire (= perturbé par la prise de café ou de thé au moment des repas), et ajustable pour accroître ou réduire le passage en cas de manque ou d’excès.

Lien entre végétarisme et déficience en fer, qu’en penser ? :

Il est tout à fait possible de répondre aux besoins en fer uniquement avec les végétaux, plus ou moins facilement selon les terrains, mais cela est plus aisé en y associant du fer héminique d’origine animale (à noter : le fer contenu dans les œufs et les produits laitiers est non héminique…donc assimilable à 5%). Les végétariens qui ont un problème chronique de manque de fer sont libres de leur choix et responsables de ses éventuelles conséquences, dès lors qu’ils sont bien informés..

À noter encore : le fait d’être omnivore ne protège pas non plus d’une carence en fer..

En résumé, s’il y a fatigue et terrain à risque (sexe féminin, règles abondants, végétarisme, végétalisme, véganisme…) on vérifie le statut en fer via le dosage de la ferritine (bilans biologiques médicaux)..

À noter : On ne complémente jamais en fer sans avoir vérifié la ferritine. Il existe effectivement des pathologies qui se caractérisent par une surcharge en fer, telles les hémochromatoses. Complémenter serait alors toxique

Si la ferritine nous y invite, on complémente (avec un produit de qualité…et dans la cadre d’une stratégie globale)

Rappel : La ferritine reflète les stocks de fer de l’organisme. Son dosage permet de détecter le manque avant le début de l’anémie. C’est le premier paramètre qui baisse en cas de carence. Lorsque la carence est installée, la ferritine est effondrée.

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La Ferritine sérique est ainsi l’examen de dépistage de la déficience en fer (mais peu spécifique pour la surcharge… où il est préférable d’utiliser le dosage de la ferritine érythrocytaire), elle est toutefois accrue lors d’inflammation et de cytolyse hépatique   :

  • Valeurs usuelles homme : 30 à 300 mg/l
  • Valeurs usuelles femme : 20 à 200 mg/l : Ces normes sont toutefois discutées : tout résultat < 50 mg/l voire < 60 mg/l chez la femme peut marquer un déficit réel et justifie une complémentation

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Si la ferritine est élevée, il faut aussi vérifier s’il y a inflammation (via la CRP-us)

Parlons maintenant du déficit en magnésium..

Déficit en magnésium et fatigue

Une fatigue peut effectivement être conséquente d’une carence en magnésium..

La carence en magnésium n’est toutefois pas simple à évaluer…

En dehors des signes cliniques (spasme des paupières, crampes, fourmillements, engourdissements, baisse d’énergie, irritabilité, anxiété, problèmes de concentration, difficultés d’endormissement,…), de l’enquête alimentaire (alimentation inadaptée, industrielle, raffinée,…), il n’y a effectivement pas de marqueur biologique fiable représentatif du statut en magnésium…

Apport alimentaire et magnésium, quelques chiffres :

  • 7 français sur 10 (femmes et hommes) ont des apports < aux ANC (350 mg/jour)
  • 3 de ces 7 français ont des apports < aux 2/3 de ces ANC
  • l’étude SUVIMAX menée de 1994 à 2002 révélait que 77 % des femmes et 72 % des hommes ont des apports bien inférieurs aux ANC
  • La principale cause de ces chiffres est en fait l’appauvrissement en magnésium (et aussi en potassium) des denrées (appauvrissement des sols et/ou de la qualité nutritionnelle de l’alimentation des bêtes,..). Ainsi, 20 à 30% de moins de magnésium dans les aliments par rapport à 30 à 40 ans en arrière

En dehors du fait de corriger au mieux l’alimentation, il faut aussi corriger ce qui peut être à l’origine d’une fuite urinaire de magnésium…

Rappel : 98% du magnésium se trouve dans la cellule, et 1% seulement dans le sang

S’il y a lithiases, douleurs et/ou spasmes musculaires, troubles osseux, hypertension, etc., on peut en présumer que cette fuite est conséquente à l’Acidose Métabolique Latente (à comprendre, si l’environnement extracellulaire est trop acide, le magnésium sort de la cellule…par des mécanismes d’osmose)

Pour lutter contre cette Acidose Métabolique Latente, il n’y a plus qu’à tenter de rétablir l’équilibre acido-basique…

Comment rétablir l’équilibre acido-basique ?

  • en diminuant l’apport d’aliments acides ou acidifiants (et autres substances : médicaments, alcool, pesticides,…)
  • en augmentant l’apport d’aliments alcalins
  • en améliorant les digestions (sources d’acides quand elles sont perturbées)
  • par des exercices de respiration, promenade en forêt, en montagne, activité physique…
  • par l’apport de complément alcalinisant naturel, si besoin
  • en optimisant l’élimination des toxines

Une fois la correction alimentaire faite et le rééquilibrage acido-basique mis en place, on pense à complémenter (avec un magnésium de qualité…dont son association avec la taurine et la vit B6 qui vont tous deux permettre une bonne entrée et une bonne fixation intracellulaire du magnésium)

Rappel : La prise d’un complément de magnésium est contre indiquée chez la femme enceinte et en cas d’insuffisance rénale

Déficit en Coenzyme Q10 et fatigue

Rappel : La Coenzyme Q10 (CoQ10) est le cofacteur mitochondrial majeur : elle augmente la biosynthèse de l’ATP. Elle est synthétisée à partir de tyrosine, d’acétylcoenzyme A, des vitamines du groupe B, d’oligoéléments et de minéraux, et sa synthèse intracellulaire est dépendante du glucose et de montées d’insuline. A noter encore que s’il y a un manque de glucose au niveau cellulaire, la tyrosine peut d’être réquisitionnée pour faire de l’énergie (au détriment donc de la synthèse de la CqQ10). En plus d’augmenter la biosynthèse de l’ATP et d’agir comme un puissant anti radicalaire, la CoQ10 réduit aussi le niveau d’acide lactique, augmente la force musculaire tout en diminuant la fatigabilité musculaire…
Pour finir : le cholestérol et la coenzyme Q10 partagent les même processus biochimiques de synthèse. Par conséquent, en réduisant la synthèse du cholestérol (via les statines, par exemple) on bloque aussi la production de coenzyme Q10

Un déficit en coenzyme Q10 est effectivement aussi une cause fatigue…

Ainsi, un régime pauvre en glucose (régimes hyper protéinés, régime très restrictifs,…), une résistance à l’insuline (pré diabète, diabète,…), la prise de statine, le sport d’endurance à haute dose, etc., sont aussi à l’origine de baisse de CoQ10 et donc de fatigue..

La carence en CoQ10 peut aussi engendrer de l’acidose….par perturbation du cycle de l’énergie (= moins bonne utilisation de l’oxygène)..

D’une perte d’aptitudes aérobies…pour les mêmes raisons…(d’où une des raisons de l’apparition de la fatigue)

D’une fragilité tissulaire…et mitochondriale…par attaques radicalaires non-contrées

D’une fragilité immunitaire ((les naturals killers ont effectivement besoin de CoQ10 pour optimiser leur fonctionnement)

En résumé

En cas de fatigue, optimisez l’assiette, l’équilibre acido basique, le sommeil, le repos, la gestion du stress, l’oxygénation (respiration, exercice physique doux…et si possible dans la nature), les éliminations, vérifiez  les carences (bilan pour le fer obligatoire), et complémentez si besoin

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Sur ce, je vous dis à très vite ;-)

Véronique

6 commentaires

  1. Mélanie 9 septembre 2019
  2. De aranjo 28 août 2017
    • Véronique Duivon 29 août 2017
  3. Micha 7 août 2017
    • Véronique Duivon 8 août 2017

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