Comprendre l’origine de sa fatigue

Lors de notre dernier échange, j’ai demandé à Anne-Laure à quel moment de la journée sa fatigue se manifestait le plus, et notamment si elle la ressentait dès le matin.

Cette question, en apparence anodine, n’est jamais posée au hasard.

En naturopathie, le moment où survient la fatigue est un indicateur majeur du type de déséquilibre physiologique à l’œuvre.

Il permet de distinguer les grandes familles de fatigue : thyroïdienne, surrénalienne et hépatique.

Chacune d’elles traduit un message bien précis du corps — encore faut-il savoir l’écouter.

Allez, passons en revue chacune de ces fatigues ;-)

La fatigue thyroïdienne (quand le métabolisme tourne au ralenti)

Moment typique : dès le réveil, quelle que soit l’heure.

C’est la fatigue “de fond”, celle du matin qui ne passe pas, même après un café ou une bonne nuit de sommeil.

La personne se réveille avec la sensation de ne jamais avoir vraiment dormi, de ne pas réussir à “démarrer la journée”.

La thyroïde est le véritable moteur métabolique : elle régule la température corporelle, le rythme cardiaque, la digestion, la production d’énergie cellulaire.
Lorsque sa fonction ralentit, l’ensemble du métabolisme s’essouffle : la mise en route devient lente, la chaleur corporelle baisse, l’oxygénation tissulaire diminue.

Le corps consomme moins d’énergie, mais cette “économie forcée” se paie d’une fatigue constante, d’une frilosité, d’un moral en berne, et d’une lenteur physique et psychique.

C’est une fatigue indépendante du sommeil : elle ne se résout pas par le repos. Le matin, quelle que soit l’heure du réveil, le système métabolique reste “en veille prolongée”.

La fatigue surrénalienne (quand le stress épuise la vitalité)

Moment typique : en fin de matinée, ou en fin d’après-midi.

Cette fatigue n’est pas continue : elle fluctue avec les variations du cortisol, l’hormone du stress produite par les glandes surrénales.

Au début, le stress chronique provoque une surproduction de cortisol : la personne “tient”, stimulée, mais souvent sur le fil.

Puis, avec le temps, les surrénales s’épuisent.

La courbe du cortisol devient irrégulière : trop bas le matin, parfois un petit pic en soirée, puis effondré la nuit.

Le résultat ? Un réveil difficile, mais une amélioration passagère vers 10h, avant un “coup de pompe” après le déjeuner ou vers 16h.

Les signes typiques sont des envies de sel, une hypotension, une irritabilité accrue, et une sensation de ne plus avoir de ressort après le moindre stress émotionnel.

 Et ces “coups de barre” liés à l’hypoglycémie réactionnelle ?

Ces baisses d’énergie soudaines, souvent ressenties 1 à 3 heures après un repas, sont le plus souvent dues à une chute rapide du taux de sucre dans le sang.

On parle d’hypoglycémie réactionnelle : après une prise alimentaire riche en glucides rapides (pain blanc, biscuits, sucreries, café au lait…), la glycémie monte brusquement.

Le pancréas sécrète alors une forte dose d’insuline, qui fait redescendre la glycémie… parfois trop bas.

Résultat : fatigue brutale, tête légère, irritabilité, besoin urgent de sucre ou de café.

Ce phénomène sollicite directement les glandes surrénales, car le corps libère du cortisol et de l’adrénaline pour remonter la glycémie.

À la longue, ces fluctuations énergétiques contribuent à épuiser l’axe surrénalien.

C’est un cercle vicieux fréquent : alimentation déséquilibrée → hypoglycémie réactionnelle → sur-sollicitation du cortisol → fatigue surrénalienne.

La fatigue hépatique (quand le foie n’en peut plus de filtrer)

Moment typique : après les repas, surtout à midi, ou en fin de journée.
Le foie est notre grand organe de détoxication : il filtre, neutralise, transforme et élimine une quantité immense de substances chaque jour — toxines, hormones usées, résidus alimentaires, médicaments…

Lorsqu’il est saturé ou congestionné, il peine à accomplir son rôle, et le corps “ralentit” pour l’aider.
D’où cette fatigue lourde après les repas, parfois accompagnée d’une somnolence postprandiale, de ballonnements, d’une digestion lente et d’un réveil nocturne entre 2h et 4h du matin — période où le foie travaille le plus.

On observe aussi un teint brouillé, une langue chargée, une hypersensibilité aux graisses ou à l’alcool, parfois une irritabilité diffuse.

C’est la fatigue de la surcharge interne, celle d’un organisme qui ne parvient plus à éliminer aussi vite qu’il reçoit.

Et tout ça malgré l’heure de réveil ?

Oui, tout à fait.

Une fatigue thyroïdienne, par exemple, se manifeste indépendamment de l’heure du lever.

Ce n’est pas le manque de sommeil qui est en cause, mais un ralentissement métabolique profond: même après un repos suffisant, le corps n’a pas l’élan nécessaire pour se “réveiller intérieurement”.

À l’inverse, la fatigue surrénalienne s’améliore souvent un peu dans la matinée — le temps que le cortisol monte —, tandis que la fatigue hépatique apparaît plutôt après les repas.

Autrement dit, ce n’est pas l’heure sur le réveil qui importe, mais le moment où l’énergie fléchit dans la journée : un repère d’observation essentiel pour comprendre ce que le corps essaie de nous dire.

Voilà pour mes infos du jour..

Sur ce je vous dis à très vite !

Véronique

*

  1. Diurnal Cortisol Slopes and Mental and Physical Health Outcomes: A Systematic Review and Meta-analysis
    → Montre que la pente diurne du cortisol (variation matin/soir) est corrélée à la fatigue et à d’autres marqueurs de santé. PMC
  2. Sleep and Circadian Regulation of Cortisol: A Short Review
    → Explique comment le cortisol est régulé selon le cycle veille-sommeil, l’importance du rythme circadien. PMC
  3. Replication of cortisol circadian rhythm: new advances in …
    → Études sur les modèles de sécrétion de cortisol et réplicabilité du rythme circadien. PMC+1
  4. Thyroid Functioning and Fatigue in Women With …
    → Met en relation les paramètres thyroïdiens (TSH, T4, T3) avec l’intensité de la fatigue signalée. PubMed+1
  5. Fixing the broken clock in adrenal disorders: focus on …
    → Article sur les troubles circadiens en contexte de dysfonction surrénalienne et sur le rôle des horloges biologiques. PubMed

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