Toxicité hépatique des médicaments psychotropes, ça donne quoi?

Effets des médicaments psychotropes sur le foie, petit tour d’horizon..

« J’ai peur pour la santé de mes neurones mais aussi pour celle de mon foie » m’a confié Tonio, sous antidépresseur depuis plus de 5 ans…

« C’est toxique pour le foie le diazépam ? » m’a demandé Carole, qui prend cet anxiolytique de la famille de benzodiazépines depuis également plus de 5 ans..

La crainte de Tonio et le questionnement de Caroleje les comprends bien : bien des médicaments prescrits couramment perturbent effectivement la santé hépatique…

Ce que je vous propose donc au travers ce petit article, c’est de voir un peu comment la santé hépatique peut être impactée (ou pas) par la prise de médicaments psychotropes …

Sachez aussi que l’arrêt de ce type médicaments permet généralement de vite retrouver un fonctionnement hépatique normal…Donc pas d’affolement…

Ceci dit, on commence

Toxicité hépatique des médicaments, on voit ça comment?

Une perturbation des enzymes hépatiques (que la découverte de cette perturbation soit fortuite ou le fruit d’une recherche motivée par des manifestations cliniques, comme par exemple une sensation de fatigue ou de faiblesse, des nausées, le teint jaune qu’on nomme ictère, une tendance aux ecchymoses ou aux saignements, un gonflement de l’abdomen dû à une accumulation de liquide, des vertiges et de la confusion, …) prouve effectivement l’existence d’une inflammation hépatique, qui peut altérer l’intégrité des cellules hépatiques (qui fait les enzymes logées dans ces cellules sont anormalement relarguées dans le sang)

Les principales enzymes hépatiques (transaminases hépatiques) sont :
– l’alanine amino transférase (ALAT ou GPT),
– l’aspartate amino transférase (ASAT ou GOT),
– la gamma-glutamyl transférase (γGT)
– la phosphatase alcaline (PAL).

Une enzyme est un catalyseur biologique. Sa présence permet l’accélération d’une réaction chimique.

Et la toxicité hépatique des médicaments psychotropes, qu’en est-il?

Vu que l’origine médicamenteuse est la 4ème cause des atteintes hépatiques dans les pays occidentaux, il faut donc penser à vérifier (via déjà des bilans sanguins) d’éventuelles perturbations hépatiques si l’on prend (au quotidien ou très régulièrement) des médicaments soupçonnés d’être à l’origine de souffrance du foie…

Précision :  L’hépatotoxicité induite par les médicaments (DILI pour « Drug induced liver injury ») désigne toute atteinte hépatique conséquente à la prise d’un médicament mais aussi d’un composant issu de plantes ou d’un complément alimentaire.

Les manifestations d’une DILI varient d’une augmentation des enzymes hépatiques (dans le sang), pouvant être asymptomatique, ou à des atteintes hépatiques pouvant s’avérer sévères.

Le plus souvent, les DILI sont considérées comme imprévisibles, indépendantes de la dose, de la voie et de la durée d’administration du médicament. A l’inverse, 
certains médicaments provoquent une hépatotoxicité prévisible et dose dépendante, l’exemple le plus courant étant le paracétamol.

Parmi les traitements les plus courants désignés dans le DILI, on retrouve :

  • les antituberculeux (principalement l’isoniazide),
  • les antibiotiques (notamment l’amoxicilline/acide clavulanique),
  • les anti-inflammatoires non stéroïdiens  (AINS) 
  • certains composés de plantes (Ce qui m’amène aussi à vous rappeler qu’on ne prend pas de plantes sans être conseillé par un pro, et qu’on n’achète pas non plus de produits de soins naturels n’importe où)

Du côté des médicaments psychotropes, et bien que ces derniers ne ressortent pas dans le top des molécules les plus hépatotoxiques, dans une série de 300 cas collectés par le Drug Induced Liver Injury Network (DILIN) aux Etats-Unis, les médicaments du système nerveux central (SNCC) arrivent toutefois en 2ème position des origines de DILI

→ Les plus incriminés sont les antiépileptiques.

En ce qui concerne les antidépresseurs → les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont les moins hépatotoxiques… (Escitalopram, citalopram, paroxetine, fluvoxamine.)

Les antidépresseurs ayant le risque le plus élevé d’hépatotoxicité sont → la trazodone, la phenelzine, l’imipramine, l’iproniazide, la nefazodone, l’amitriptyline, la duloxetine, le bupropion, la tianeptine, et l’agomelatine.

(L’apparition d’une hépatotoxicité liée à la prise d’antidépresseurs peut varier de 5 jours à 3 ans. Une prédisposition génétique à cette fragilité hépatique médicamenteuse est également en cause)

La prise d’antipsychotiques peut aussi conduire à une augmentation des enzymes hépatiques, le plus souvent bénigne (jusqu’à 3 fois la norme, ce qui n’impose pas l’arrêt du traitement).

Parmi les antipsychotiques de 2ème génération → la rispéridone et la clozapine apparaissent susceptibles d’augmenter les valeurs des tests hépatiques chez 30‑50 % des patients, mais restant toutefois asymptomatiques ; 

Une élévation transitoire est aussi rapportée chez 9 % des patients sous olanzapine ;

La quétiapine n’est quant à elle associée à une hépatotoxicité que de manière très isolée.

Parmi les antipsychotiques de 1ère génération → l’halopéridol est associé à une élévation de 2 fois des enzymes hépatiques chez 17 % des patients traités (et de trois fois chez 2,4 % de ces patients).

(Finalement, chez les personnes atteintes de schizophrénie ou d’un trouble affectif bipolaire, le antipsychotiques favorisent un syndrome métabolique et les complications hépatiques qui lui sont associées).

Parmi les stabilisateurs de l’humeur → la carbamazépine est un hépatotoxique connu ;

Le valproate peut quant à lui entraîner une toxicité au niveau des mitochondries des cellules hépatiques (hépatocytes,…), ce qui se manifeste par une élévation des enzymes hépatiques et une stéatose hépatique (= excès de graisses dans le foie)

L’hépatotoxicité liée à la prise de benzodiazépines est quant à elle rareen particulier avec l’oxazépam et le lorazépam (ces 2 médicaments sont d’ailleurs largement utilisés par les médecins chez leurs patients ayant une fonction hépatique altérée).

On trouve aussi de rares réactions cholestatiques (= réduction ou l’arrêt du flux biliaire) suite à la prise de chlordiazépoxide, de diazépam et de flurazépam.

A noter encore : Les DILI peuvent aussi être classées en immunes et non immunes.
En cas d’origine immune, une installation rapide de la souffrance hépatique est caractéristique (1 à 6 semaines après le début de traitement), avec aussi de la fièvre, un rash (=apparition soudaine et passagère de boutons ou plaques rouges), une éosinophilie et des autoanticorps.

Voilà pour mon message du jour…

Pour vous rappeler aussi que pour un accompagnement sevrage personnalisé, il suffit de m’envoyer un message par ma page de contact (situé en bas de page) pour que nous nous fixions un petit rdv téléphone afin que je vous explique comment l’accompagnement pourrait s’organiser…(cet échange ne vous engage pas… et il est gratuit ;-))

Et si vous préférez mener votre sevrage seul, vous avez ce support sevrage qui vous permettra de mener votre servage de façon confortable.

Sur ce, je vous dis à très vite

Véronique

3 commentaires

  1. gratiot 22 février 2024
    • Véronique 22 février 2024
  2. Véronique 19 juin 2022

Laisser un commentaire