Tour d’horizon : SIFO, LIFO, SIBO et LIBO
Imaginez vivre au quotidien avec des ballonnements, des douleurs abdominales persistantes, des fluctuations entre diarrhée et constipation, des problèmes de digestion haute (avec ces sensations d’estomac toujours plein et autres conséquences), des problèmes de malabsorption ou encore une fatigue inexplicable qui semble arriver sans raison apparente. Ces symptômes peuvent être très difficiles à vivre, voire carrément handicapants, et souvent, on les attribue à des causes banales comme le stress ou une digestion lente…
Mais, et si ces symptômes étaient les signaux d’alerte d’un déséquilibre plus profond ?
Ces signaux pourraient indiquer la présence de pullulations digestives telles que le SIBO, le LIBO, le SIFO ou le LIFO. Ces troubles du microbiote intestinal (pas encore assez reconnus et donc encore mal diagnostiqués) peuvent affecter non seulement la digestion, mais aussi d’autres systèmes du corps (système immunitaire inclus), dont celui aussi nerveux et psychologique, jusqu’à générer des d’états anxiodépressifs.
Dans cet article, nous allons plonger au cœur de ces déséquilibres insidieux, pour mieux les comprendre. Parce que comprendre, c’est déjà un pas vers le mieux-être… (Nous aborderons les prises en charge dans un prochain article)
Allez, c’est parti..
1. Comprendre les pullulations intestinales
Les pullulations intestinales désignent une prolifération excessive de micro-organismes (bactéries ou levures) dans des zones de l’intestin où leur présence devrait normalement être contrôlée. Ce phénomène perturbe non seulement la digestion (haute ou basse), mais il peut aussi affecter l’ensemble du métabolisme et l’équilibre nerveux, comme déjà mentionné. Cette prolifération excessive des micro-organismes entraîne des fermentations anormales dans l’intestin, générant des gaz (et des toxines) et de l’inflammation, qui créent des symptômes inconfortables, voire handicapant, selon le degré de sévérité et la sensibilité individuelle.
Passons maintenant en revue chacune ces pullulations digestives , en commençant par celles bactériennes (SIBO et LIBO) pour finir sur celles fongiques (SIFO et LIFO)
1.1 Les Pullulations bactériennes : SIBO et LIBO
- SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) :
Dans une situation de SIBO, les bactéries prolifèrent de manière excessive dans l’intestin grêle, une zone normalement assez peu peuplée de bactéries. Cela entraîne une fermentation excessive des nutriments que nous consommons, produisant des gaz, des toxines et de l’inflammation. Les symptômes sont souvent immédiats après les repas et incluent des ballonnements importants, des pesanteurs et autres perturbations au niveau de la digestion haute, symptômes stomacales, des douleurs abdominales, ainsi que des troubles du transit comme la diarrhée ou la constipation, voire une alternance des deux.
- LIBO (Large Intestinal Bacterial Overgrowth) :
Le LIBO, quant à lui, se produit dans le côlon, où la prolifération bactérienne perturbe la fermentation des résidus alimentaires. En cas de LIBO, le corps produit des gaz malodorants, et de nombreuses personnes souffrent d’un inconfort abdominal persistant. Après les repas, une sensation de fatigue et de lourdeur peut s’installer, rendant la digestion encore plus pénible.
1.2 Les pullulations fongiques : SIFO et LIFO (= candidoses digestives)
- SIFO (Small Intestinal Fungal Overgrowth) :
Le SIFO est une prolifération anormale de levures, notamment le Candida, dans l’intestin grêle. Ces levures, normalement présentes en petites quantités, deviennent invasives et produisent des toxines qui déclenchent des réactions inflammatoires dans l’intestin. Les symptômes associés au SIFO sont variés et peuvent inclure une fatigue chronique, un “brouillard cérébral“(plus de précision sur ce dernier dans l’encart suivant), des envies irrépressibles de sucre (alcool inclus), ainsi qu’une hypersensibilité aux aliments riches en glucides et en levures (attention : bien différencier un aliment contenant des levures, par exemple la bière, le kombucha, le vin, etc., des aliments lactofermentés…qui eux sont toujours bénéfiques).
- LIFO (Large Intestinal Fungal Overgrowth) :
Le LIFO, comme le LIBO, affecte le côlon, mais dans ce cas, ce sont des levures qui prolifèrent, souvent en réponse à un déséquilibre du microbiote intestinal. Les levures excédentaires peuvent non seulement provoquer des troubles digestifs mais aussi entraîner des problèmes cutanés, des mycoses vaginales récurrentes, des irritations des muqueuses et autres symptômes variés (extra digestifs inclus).
Passons maintenant aux causes..
2. Les causes des pullulations intestinales
Les pullulations ne surviennent pas par hasard. Divers facteurs peuvent affaiblir nos défenses naturelles et créer un environnement propice à la prolifération de bactéries ou de levures. Ces déséquilibres surviennent généralement lorsqu’il y a une perturbation de la motilité intestinale, une altération du système immunitaire, des habitudes alimentaires déséquilibrées et/ou du stress chronique.
Regardons chacun de ces facteurs d’un petit peu plus près..
2.1 Facteurs déclencheurs communs au SIBO et LIBO
- Les troubles du péristaltisme intestinal :
Le péristaltisme est le mouvement naturel des intestins qui permet de faire progresser les aliments. Lorsqu’il est ralenti, les bactéries peuvent stagner et proliférer. Ce ralentissement peut être causé par des pathologies comme la gastroparésie (un ralentissement digestif lié à des problèmes nerveux), un dérèglement du complexe moteur migrant, souvent après une gastroentérite sévère (c’est très très fréquent), une hypothyroïdie, par la prise de certains médicaments (dont certains médicaments psychotropes). A noter encore que ces pullulations elles-mêmes engendrent des troubles du péristaltisme..
- L’hypochlorhydrie :
L’acidité gastrique est un rempart naturel contre les bactéries. Cependant, avec l’âge, le stress chronique, ou sous l’effet de médicaments comme les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), etc., cette acidité peut diminuer, facilitant l’implantation de bactéries pathogènes dans l’intestin.
- Le stress chronique :
Le stress constant perturbe le système nerveux entérique (par le biais déjà du cortisol), qui contrôle les fonctions digestives. Il peut réduire la motilité intestinale, favoriser la stagnation des aliments et déséquilibrer la production de sécrétions digestives.
- Les régimes alimentaires déséquilibrés :
Une alimentation trop riche en sucres raffinés, en FODMAPs (des glucides fermentescibles), ou pauvre en fibres favorise la prolifération de bactéries et de levures. Les fibres jouent effectivement un rôle clé en nourrissant les bactéries bénéfiques du microbiote intestinal.
2.2 Déclencheurs spécifiques au SIFO et LIFO
- Antibiotiques et antifongiques abusifs :
Les traitements antibiotique ou antifongique (même ceux dits “naturels”, s’ils sont pris trop longuement ou sans protocole adapté) détruisent souvent les bonnes bactéries et levures présentes dans notre intestin, créant un terrain propice à la prolifération des bactéries et levures pathogènes.
- Consommation de glucides simples :
Les levures comme le « Candida » se nourrissent principalement de sucres. Une consommation excessive de glucides simples (dont les farines blanches, l’alcool,…) peut favoriser leur prolifération, perturbant davantage l’équilibre du microbiote.
- Immunité affaiblie :
Un stress prolongé, une maladie chronique ou un manque de sommeil peuvent affaiblir les défenses immunitaires, rendant l’intestin plus vulnérable à l’invasion fongique.
Passons maintenant aux mécanismes physiopathologiques, mais en les survolant (nous développerons cet axe dans un autre article) ..
3. Les mécanismes physiopathologiques
Les pullulations intestinales provoquent des déséquilibres à plusieurs niveaux, affectant non seulement la digestion, mais aussi d’autres systèmes du corps.
- Fermentations excessives :
Dans le cas du SIBO, les bactéries fermentent les glucides, produisant des gaz comme l’hydrogène, le méthane ou le sulfure d’hydrogène. Ces gaz irritent la paroi intestinale, stimulent les récepteurs à la douleur dans cette paroi et perturbent l’équilibre du microbiote.
- Inflammation chronique :
Les levures invasives, comme le Candida, peuvent endommager la paroi intestinale, provoquant une hyperperméabilité intestinale (aussi appelée “leaky gut”). Cela permet aux toxines de pénétrer dans la circulation sanguine et d’induire des réactions auto-immunes, des intolérances alimentaires, sans parler des influences négatives sur l’ensemble des organes (cerveau inclus, avec toutes les conséquences négatives sur l’équilibre psychique et émotionnel).
- Altération de la motilité intestinale :
Les toxines produites par les bactéries ou levures ralentissent encore davantage la motilité intestinale, aggravant ainsi la stagnation des aliments et les symptômes associés.
Voyons maintenant comment diagnostiquer ces pullulations digestives:
4. Diagnostic des pullulations intestinales
Le diagnostic des pullulations intestinales nécessite des tests spécifiques pour détecter la prolifération excessive de micro-organismes. Ces tests permettent de différencier les différentes formes de pullulations, qu’elles soient bactériennes ou fongiques.
4.1 Tests pour le SIBO et LIBO
- Breath Test (Test Respiratoire) :
Ce test est l’un des plus utilisés et des plus pertinents pour détecter le SIBO. Il mesure les gaz produits par les bactéries après ingestion d’un substrat, idéalement le lactulose. Si une concentration anormale de gaz (hydrogène, méthane et/ou sulfure d’hydrogène) est détectée, cela indique la présence d’une prolifération bactérienne. Et selon le ou les gaz émis, on sait quelles catégories de bactéries ont proliférées.
- Coproculture ou analyse des selles :
Ce test permet d’évaluer la composition bactérienne du côlon. En analysant les selles, il est possible de détecter une surcroissance bactérienne, signe donc d’un LIBO. Inefficace toutefois en cas de prolifération de levures (le candida, sous sa forme micellaire, c’est-à-dire lorsqu’il passe de la forme levure à celle de champignon, possède la particularité de « s’accrocher » aux parois de la muqueuse intestinale : on ne le retrouve donc pas dans les selles)
4.2 Tests pour le SIFO et LIFO
- Dosage des Métabolites Urinaires (= MOU fongique):
Les levures produisent des toxines spécifiques qui peuvent être retrouvées dans les urines. Le D- Arabinol est le métabolite de choix pour confirmer une prolifération fongique dans l’intestin. Ce MOU fongique est l’outil à privilégier..
- Endoscopie ou prélèvements :
Dans des cas plus complexes, un gastro-entérologue peut prélever des échantillons directement dans l’intestin pour identifier la surcroissance de bactéries ou de levures. Ce type de test est plus invasif mais peut fournir des informations cruciales pour un diagnostic précis.
En résumé, les pullulations intestinales, qu’elles soient bactériennes ou fongiques, sont un phénomène complexe qui peut expliquer de nombreux troubles digestifs, de nombreux troubles aussi extra-digestifs, de la fatigue, du brouillard mental, des troubles anxiodépressifs, etc. Autrement dit, elles peuvent affecter le bien-être général et psychologique inclus. Le diagnostic repose sur des tests spécifiques, et bien que ces proliférations ne soient pas toujours faciles à identifier, elles méritent une attention particulière pour restaurer l’équilibre du microbiote intestinal et améliorer la qualité de vie des personnes concernées.
Voilà, et si vous avez aimez cet article, pensez à le partager. Il permet vraiment à chacun d’avoir une vue d’ensemble de ces pullulations digestives..
A très vite pour la suite
Véronique