Grosse fatigue et envie de sucre : et si c’était un problème de résistance à l’insuline?
Dans un article publié il y a quelques jours, je vous parlais de Karl et de sa glycémie à jeun trop élevée. Karl qui se demandait s’il y avait un risque de prédiabète pour lui…(Si vous avez raté cet article, vous le trouverez ici)
Aujourd’hui, je vais vous parler de Marion, qui m’a contactée récemment, préoccupée par des symptômes qui la gênent dans son quotidien…
Elle me disait, dans son message, qu’elle ressentait des « envies impérieuses d’aliments sucrés » dans la journée, souvent entre les repas, et qu’elle se sentait « constamment fatiguée », même après une nuit de sommeil…
Que pourtant, suite aux conseils de sa mère, elle a vérifié sa glycémie (à jeun), celle-ci est à « 0,95 g/L ». Son médecin lui a même affirmé que tout allait bien car cette valeur est dans les normes
Rappel: Le taux normal de glycémie à jeun se situe entre 0,70 grammes et 1 gramme de glucose par litre de sang. En-dessous de 0,70g/L, il s’agit d’hypoglycémie. Au-dessus d’1g/L, on parle plutôt d’hyperglycémie. Le diabète se caractérise par un taux de glycémie supérieur à 1,26g/L |
“Alors pourquoi ressent-elle toujours ces fringales de sucre et cette sensation d’épuisement malgré une glycémie apparemment normale”, se demande Marion?
Fringales de sucre, grosse fatigue et résistance à l’insuline
J’ai répondu à Marion qu’elle pourrait déjà « vérifier sa résistance à l’insuline »…(Effectivement, avec de tels symptômes – fatigue et pulsions sucrées-, faut penser à la résistance à l’insuline. Pour les autres symptômes de cette résistance à l’insuline, rdv en PS de cet article)…
En précisant ensuite à Marion que son corps, tout comme le mien ou celui de n’importe qui, utilise une hormone appelée « insuline » (synthétisée par certaines cellules du pancréas), permettant au le sucre circulant dans le sang (glucose) d’entrer dans les cellules afin d’y être transformé en énergie (énergie qui nous permet de fonctionner normalement au quotidien)…
Que cependant, chez certains, les cellules du corps deviennent « moins sensibles à l’insuline »…
C’est ce qu’on appelle la « résistance à l’insuline ».
Dans ce cas, même si le pancréas produit suffisamment d’insuline, le glucose a plus de mal à entrer dans les cellules…
Cela signifie que “bien qu’une glycémie soit dans les normes”, un corps peut être en difficulté pour utiliser correctement ce glucose, ce qui entraîne des envies de sucre et une sensation de fatigue car toutes les cellules de l’ organisme réclament encore plus d’énergie, puisqu’elles n’arrivent pas l’obtenir de façon optimum.
J’ai ensuite indiqué à Marion que le corps, en réponse à cette résistance à l’insuline, peut sécréter plus d’insuline pour maintenir sa glycémie à un niveau normal (ce qui peut expliquer pourquoi un médecin ne détecte rien d’anormal quand il ne se fie qu’à la glycémie)…
Mais que cette hyperproduction d’insuline (en dehors de fatiguer le pancréas) peut parfois provoquer des « baisses soudaines de glycémie » après les repas (ce qu’on appelle l’hypoglycémie réactionnelle)…
Ce qui pousse le cerveau à réclamer rapidement des aliments sucrés pour compenser ces baisses…
Ces fringales sont donc une sorte de « réaction de survie » du corps, qui cherche à réguler l’énergie disponible.
C’est ainsi que j’ai conseillé à Marion de demander un test plus spécifique, comme le « HOMA-IR » (Homeostasis Model Assessment of Insulin Resistance).
Ainsi, même si la glycémie est normale, le HOMA-IR pourra révéler une résistance à l’insuline si le pancréas produit « trop d’insuline » pour compenser (Ce HOMA combine les niveaux de glycémie et d’insuline à jeun pour estimer la résistance à l’insuline).
Voici les seuils de HOMA-IR (que Marion, pourra garder en tête pour interpréter ses résultats, et bien-sûr vous qui lisez ces lignes, ;-)) : – « Inférieur à 1 » : le HOMA-IR est considéré comme « normal ». Cela signifie que l’insuline et le glucose sont utilisés efficacement par l’organisme. – « Entre 1 et 2,9 » : cette plage indique un « risque modéré » de résistance à l’insuline. À ce stade, des mesures préventives comme des ajustements alimentaires ou l’augmentation de l’activité physique peuvent être conseillés pour éviter une aggravation. – « Supérieur à 3 » : À partir de cette valeur, il y a une « résistance à l’insuline significative », et cela peut indiquer que le corps commence à avoir des difficultés à réguler la glycémie. Il est alors nécessaire de consulter un professionnel de santé pour élaborer un plan d’action plus complet. |
Sachez aussi que la résistance à l’insuline peut être mesurée à l’aide d’autre tests que le HOMA-IR
– Avec l’insulinémie à jeun : mesure du taux d’insuline dans le sang. Des niveaux élevés peuvent effectivement suggérer une résistance.
– Avec QUICKI : un autre indice utilisé pour évaluer la sensibilité à l’insuline. Contrairement à HOMA, un QUICKI plus élevé indique une meilleure sensibilité à l’insuline, tandis qu’une valeur basse indique une résistance à l’insuline.
– Avec l’OGTT (Test de tolérance au glucose) : mesure la glycémie avant et après ingestion de glucose pour voir comment le corps le gère. Des taux de glycémie élevés après 2 heures peuvent indiquer une résistance à l’insuline.
Précisons : • Entre 1,00 et 1,25 g/L (5,6 – 6,9 mmol/L) : cette plage est appelée glycémie à jeun altérée ou prédiabète. À ce stade, la résistance à l’insuline est souvent présente (mais pas toujours, car il peut y avoir d’autres causes d’une élévation “dans ces valeurs” de la glycémie) • À partir de 1,26 g/L (7,0 mmol/L) : cela indique un diabète si cette valeur est confirmée à deux reprises. À ce stade, la résistance à l’insuline est dans ce cas généralement très avancée. • Et comme on le voit dans cet article, même avec une glycémie inférieure à 1 g/L, il peut y avoir une résistance à l’insuline compensée par une production accrue d’insuline…. |
En conclusion : Même si une glycémie à jeun est inférieure ou égale à 1 g/L (qui est donc une glycémie dans les normes), la présence de ces symptômes “fatigue, fringales de sucre” peut donc être un signe que le corps lutte contre une résistance à l’insuline…
Qu’il est donc judicieux, face à de tels symptômes, de systématiquement vérifier la résistance à l’insuline, afin d’ajuster la prise en charge (en fonction du diagnostic), et ainsi permettre de se débarrasser de ces pulsions de sucre et de cette fatigue, en agissant plus spécifiquement sur la cause (problème de métabolisme glucidique perturbé, et/ou candidose, et/ou déficit en sérotonine, et/ou stress ++, mauvaise alimentation à cout terme, et/ou anomalie hormonale, etc.)…
Sans oublier que ces problèmes de métabolisme glucidique perturbé a aussi un impact négatif et reconnu sur le bien-être psychologique, sur l’humeur, l’anxiété, etc..
Mais qu’en rétablissant les choses, le confort psychologique revient également, ou du moins, est fortement optimisé.
Ce qui est indispensable, par exemple, quand on est dans une démarche de sevrage ou qu’on souffre d’anxiété, de dépression, de stress chronique, etc.
Voilà pour mon message du jour
D’ici quelques semaines, je vous expliquerai d’ailleurs par quels mécanismes un métabolisme glucidique perturbé agit négativement sur cet équilibre psychique et émotionnel…
Sur ce, je vous dis à très vite pour la suite…
Véronique
PS : La résistance à l’insuline est un trouble métabolique où les cellules du corps deviennent moins sensibles ou réceptives à l’action de l’insuline, une hormone produite par le pancréas. L’insuline est essentielle pour réguler la glycémie (le taux de sucre dans le sang) en permettant au glucose de pénétrer dans les cellules, où il est utilisé comme source d’énergie ou stocké sous forme de glycogène.
Mécanisme de la résistance à l’insuline :
1. « Fonction normale de l’insuline » : lorsque nous mangeons, la glycémie augmente. En réponse, le pancréas sécrète de l’insuline. Cette insuline se lie à des récepteurs spécifiques sur les cellules (comme les cellules musculaires, adipeuses et hépatiques), facilitant l’entrée du glucose dans les cellules et maintenant un taux de sucre sanguin normal.
2. « Résistance à l’insuline » : dans le cas de la résistance à l’insuline, les cellules ne répondent plus correctement à l’insuline. Le glucose n’entre donc pas efficacement dans les cellules, et le corps réagit en produisant « plus d’insuline » pour compenser cette insensibilité. Ce phénomène conduit à des niveaux d’insuline anormalement élevés dans le sang (hyperinsulinémie).
3. « Impact » : malgré l’excès d’insuline, le glucose reste en circulation dans le sang, ce qui peut entraîner une « hyperglycémie ». Cette situation, si elle persiste, peut déboucher sur le « prédiabète » et le « diabète de type 2».
Causes de la résistance à l’insuline :
– Obésité (surtout la graisse abdominale) : la graisse viscérale est métaboliquement active et libère des substances inflammatoires qui perturbent l’action de l’insuline.
– Sédentarité : l’absence d’activité physique contribue à la réduction de la sensibilité des cellules à l’insuline.
– Facteurs génétiques : certaines personnes sont génétiquement prédisposées à la résistance à l’insuline.
– Régime alimentaire riche en « glucides raffinés » et en « graisses saturées » : un régime déséquilibré favorise l’apparition de la résistance à l’insuline.
– Stress chronique et troubles du sommeil : le stress augmente la sécrétion de cortisol, une hormone qui peut aggraver la résistance à l’insuline.
– Syndrome métabolique : c’est un ensemble de facteurs de risque (obésité abdominale, hypertension, taux de cholestérol anormal) qui sont souvent liés à la résistance à l’insuline.
Conséquences de la résistance à l’insuline :
– Hyperinsulinémie : le pancréas sécrète plus d’insuline pour essayer de maintenir une glycémie normale.
– Prédiabète : si la résistance à l’insuline progresse, la glycémie à jeun et/ou après un repas devient anormalement élevée.
– Diabète de type 2 : la résistance à l’insuline est un facteur clé dans le développement de ce type de diabète. Avec le temps, le pancréas peut s’épuiser et ne plus produire assez d’insuline.
– Syndrome métabolique : ce syndrome comprend la résistance à l’insuline, l’obésité, l’hypertension, des anomalies des lipides sanguins, et il augmente le risque de maladies cardiovasculaires.
– Stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) : la résistance à l’insuline peut aussi entraîner une accumulation de graisse dans le foie.
Signes et symptômes de la résistance à l’insuline :
– Acantosis nigricans : Des taches de peau épaissie et sombre au niveau du cou, des aisselles ou des plis cutanés, souvent associées à une résistance à l’insuline.
– Gain de poids, en particulier autour de l’abdomen.
– Fatigue : un des premiers signes car les cellules n’obtiennent pas assez de glucose pour produire de l’énergie.
– Faim excessive (polyphagie) et soif excessive (polydipsie) : la glycémie élevée peut entraîner ces symptômes.