Découvrez l’ensemble des éléments à considérer pour éclairer votre choix “bio” ou pas?
Quand on parle d’alimentation saine, on peut se demander si le bio s’impose ou s’il est quand même possible d’œuvrer pour son mieux être en consommant des produits issus de l’agriculture conventionnelle?
Avec l’article d’aujourd’hui, vous découvez l’ensemble des éléments à considérer pour éclairer votre choix.
Nous parlons ainsi élevage bio, valeurs nutritives, produits raffinés, OGM, alimentation industrielle, pesticides, labels… et pour finir, comment éventuellement alléger un budget bio…
Encore une chose: cet article a été construit en grande partie grâce au livre passionnant «Manger Bio c’est mieux!» (Édition terre vivante) écrit par 3 spécialistes du sujet bio santé et environnement :
- Claude Aubert, ingénieur agronome spécialisé dans l’agriculture biologique, l’alimentation, la santé et l’environnement.
- Denis Lairon, biochimiste de formation, nutritionniste, et directeur de recherche à l’INSERM et impliqué depuis de nombreuses années dans l’agriculture bio
- André Lefèvre, ingénieur en conseil de développement de l’agriculture bio et conseiller régional de bourgogne et membre du comité national de l’eau.
- Ce livre s’appuit entièrement sur des preuves scientifiques…
C’est quoi le bio ?
Il s’agit d’une alimentation issue d’un système de production agricole basée sur le respect du vivant, pour cela, les « agriculteurs bio » doivent respecter des cahiers des charges et des règlements qui excluent l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides de synthèse, ainsi que d’organismes génétiquement modifiés.
Quand aux animaux d’élevage biologique (poisson inclus), ils doivent être nourris avec des aliments biologiques (90% minimum). Les antibiotiques sont limités au maximum, voire interdits, et les éleveurs doivent veiller au bien-être de leurs bêtes.
Valeurs nutritives des aliments selon le mode de production bio ou conventionnel…
Voici les conclusions de 2 études sur les valeurs nutritives d’aliments selon le mode de production bio ou conventionnel, une de l’AFSSA publiée en 2003 faite sur la base 310 articles, et une de la FSA publiée en 2009 sur la base de 162 articles…
- Plus d’eau dans les fruits et légumes non bio…(= moins de matière sèche)
- Teneur en calcium, potassium et cuivre globalement comparable pour les fruits et légumes bio que dans ceux issus du circuit conventionnel (analyse sur la matière sèche)
- Teneur supérieure en magnésium, phosphore, fer et zinc dans certains aliments biologiques (à noter : pas plus de précision sur ces aliments dans le livre)
- Une tendance plus élevée en Vit C dans les pommes de terre bio, mais aussi dans les tomates et les épinards bio. Les autres légumes n’ayant pas d’études plus poussées (Les auteurs du livre précisent que de nouvelles études permettent maintenant de conclure à des teneurs plus élevées en vit C dans les produits bio)
- Plus de polyphénols et autres antioxydants dans les végétaux bio
- D’avantage d’Oméga 3 dans les viandes et le lait bio (de 26 à 116% d’oméga 3 en plus dans le lait bio par rapport au conventionnel)
Une meilleure qualité nutritionnelle est donc incontestable dans la filière bio…
Un autre avantage du bio : les céréales complètes et le pain au levain y sont majoritaires
Les pains bio sont principalement faits à la farine bise (= partiellement raffinée), complète (=raffinage très faible) ou intégrale (=aucun raffinage), ce qui veut dire plus de fibres (lutte contre la constipation, le cancer du colon, l’obésité..), de minéraux (fer, magnésium, calcium, zinc, oligo éléments comme le sélénium), de vitamines du groupe B (B1, B2, B5, B6, B9), de bons lipides (=insaturés) et d’antioxydants, tous ces nutriments étant majoritairement contenus dans les périphéries ou enveloppe du grain, c’est-à-dire dans le son…et plus particulièrement dans le germe…
Pour finir, la panification biologique est généralement faite au levain naturel (= mélange de bactéries et de levures), ce qui favorise la dégradation et la transformation de l’acide phytique (= un facteur très déminéralisant contenu dans le grain) en inositol (Vit B) et en phosphates de calcium et de magnésium bio-disponibles. Le pain devient ainsi beaucoup moins acidifiant.
Pas d’OGM en bio
On ne sait pas exactement ce que ces organismes génétiquement modifiés vont donner sur notre santé à long terme…
Des chercheurs indépendants ont toutefois montré d’évidents signes de modification du métabolisme des animaux nourris avec du mais OGM Mon863, de toxicité du foie, des reins et d’autres organes. D’autres études sur des souris ont montré des effets négatifs du mais Mon810 sur leur réponse immunitaire (1)
En bio, les aliments transformés (= industriels) n’ont pas ou peu de d’ingrédients raffinés, et pas d’additifs non naturels
Comme expliqué plus haut, le raffinage fait perdre énormément de nutriments et ne laisse qu’un aliment vide d’intérêt, hormis calorique..
Ce raffinage peut aussi nécessiter l’utilisation de solvants, comme c’est le cas pour les huiles…
Tous les aliments raffinés ne sont certes pas exclus en bio, mais on n’y trouve ni sucre blanc, ni huiles extraites par solvants chimiques, ni acides gras trans d’origine industrielle (ces derniers sont nocifs pour les artères et soupçonnés d’augmenter le cancer du sein)
En ce qui concerne les additifs, le règlement européen relatif à l’agriculture biologique (2) n’autorise que 47 additifs (contre 300 en agriculture conventionnelle), tous d’origine naturelle, à l’exception de 2 : les sulfites dans le vin et les nitrites dans certaines charcuteries….mais en quantité moindre par rapport à l’agriculture conventionnelle
Et que dire des pesticides ?
Les pesticides regroupent 3 grandes familles de produits appelés « phytosanitaires » :
- Les insecticides
- Les fongicides (contre les champignons)
- Les herbicides
Leurs effets sur la santé :
- Perturbateurs endocriniens (c’est-à-dire que les pesticides se comportent comme des hormones : ils modifient le fonctionnement de nos cellules, et même à très faibles doses)
- Risques de cancer accentués (sein, testicules, lymphomes..). Les agriculteurs du conventionnel sont d’ailleurs les 1ers touchés
- Menaces sur la fertilité masculine
- Malformation possible du fœtus
- Neurotoxicité très probable (ex : développement intellectuel des enfants ralenti chez des enfants d’agriculteurs, d’après une synthèse d’études publiée en 2008)
- Etc.
Les pesticides menace aussi notre environnement :
- Sur 5,4 kg de matière active utilisés par hectare et par an selon l’ANSES (3), c’est de 1,6 à 2,7 kg/ha/an de pesticides qui partent dans l’air
- Les sols sont également appauvris (pour exemple, parmi tant d’autres, les engrais azotés sur prairies même en faible quantité font baisser de 17% le nombre d’espèces végétales d’après une étude réalisée durant 20ans (4))
- Les grands réservoirs d’eau souterraine du globe sont également menacés, comme expliqué plus haut
Un rapport de l’EFSA (l’équivalent européen de l’ANSES) a trouvé dans les produits non bio :
- 338 pesticides différents dans les légumes
- 319 dans les fruits
- 93 dans les céréales
- 34 dans les produits animaux
La quantité de ces pesticides est toutefois plus grande dans les fruits, varie aussi selon les espèces..
Les bulbes (ail, oignon, ciboulette, poireau…) et les fruits à coque (noix, noisettes, amandes) sont les moins contaminés..
Ci-dessous, pourcentage des échantillons européens (fruits et légumes français et d’autres pays d’Europe) dans lesquels ont été trouvé des résidus de pesticides (pour les raisins purement français, les chiffres montent jusqu’à 81%) :
Framboises, mures 75.9 %
Agrumes 75
Raisins 73.8 (À noter : jusqu’à 26 pesticides différents pour le raisin, un record absolu!)
Fraise 71.3
Poivrons 66
Fruits à pépins 65.2
laitues 56.9
Fruits à noyaux 54.8
Légumes secs 39.2
Concombres, courgettes 37.7
Légumes racines 35.9
Petits pois, haricots, fèves 32.9
Choux fleurs, brocolis 28
Pommes de terre 26
Asperges, poireau, épinards 24.6
Oignon échalotes ails 13.6
Oléagineux 10.4
A noter qu’en France, 62% des fruits, 30% des légumes et 37% des céréales contiennent des résidus de pesticides. Pour les fruits et les légumes, environ 3,5% dépassent les limites maximales autorisées.
Et les pesticides dans le bio ?
Il peut y avoir une contamination par l’air, par l’eau, et par la proximité d’une exploitation voisine non conventionnelle
En France, les % d’échantillons bio avec résidus sont :
- 1.9 pour les fruits
- 5 pour les céréales
- 2.4 pour les légumes
Encore une chose importante, la CUISSON VAPEUR permet d’éliminer les pesticides et les nitrates se trouvant sur la peau des légumes (mais pas ceux contenus dans les fibres). La vapeur d’eau lavant et dégraissant effectivement cette dernière. Il est bien sur vivement déconseillé de consommer l’eau restante.
Les labels bio
Le contrôle des produits bio est le plus exigeant de toux ceux qui existent dans le monde agricole…
Deux labels officiels et européens
Le label AB ne précise pas l’origine (française, européen ou autre) du produit, mais garantit, entre autre, un aliment issu à 95% d’ingrédients issus de la production biologique + des pratiques agronomiques et d’élevage respectueuses des équilibres naturels, de l’environnement et du bien être de l’animal
Ce logo européen est désormais obligatoire sur les produits préemballés, mais reste facultatif sur les produits importés. Il mentionne l’origine européenne ou pas du produit. Des logos nationaux ou privés peuvent lui être associés. Dans le domaine de l’élevage, son nouveau dispositif réglementaire connait hélas des baisses d’exigence (nouveaux traitements allopathiques autorisés, entre autre). Une autorisation de contamination par les OGM à hauteur de 0,9% est également acceptée..
Les marques privées (qui peuvent être apposées sans le logo officiel indiqué au dessus)
Leurs critères sont plus sévères que ceux européens..
La marque Nature et Progrès (exigence AB + exigences supplémentaires comme par exemple des fermes 100% bio, l’alimentation des bêtes 100% bio, les traitements allopathiques limités, le respect des saisons, etc.)
La marque Demmeter (exigence européenne + obligation de pratiquer une agriculture biodynamique, entre autre)
La marque Bio Cohérence (très pointilleuse aussi, à noter encore que la notion de proximité y est essentielle)
Comment alléger un budget bio ?
- Réduire la consommation de viande…et réintégrer les œufs et les protéines végétales (légumineuses+ céréales…Voir guide alimentation détox à télécharger gratuitement en bas de page pour plus de détails)
- Achetez des fruits et légumes de saison, et du terroir (cout de transport moins élevé)
- Redécouvrir les légumes bon marché (chou, navet, potimarron, etc.)
- Éviter les surgelés, les plats cuisinés…à la fois chers et moins nutritifs (même bio)
- Acheter en vrac
- Préférer les grands conditionnements
- Supprimer au maximum les intermédiaires, trouver des groupements d’acheteurs, par ex (attention : le coût du bio en grande surface n’est pas moins élevé, il faut vérifier le prix au kilo)
- Aller au marché
Pour finir..
Vous avez à présent les éléments essentiels pour éclairer votre choix “bio ou pas”..
J’ajouterai toutefois que de manger bio est surement le plus beau cadeau qu’on peut offrir au corps, au reste de la planète ainsi qu’à nos papilles…
N’hésitez pas à commenter, à apporter des précisons, des anecdotes, des partages d’expérience, des bons plans “achats bio”, etc..
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Véronique
Réferences:
1-Finamore A.et al. Intestinal and peripheral immune reponse to MON810 maize ingestion in weaning and old mic. J Agric Food Chem. 2008
2-AFSSA. Rappport Evaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique. AFSSA 2003, 164 p. www.anses.fr
3-Observatoire des résidus de pesticides. ORP coordonné par l’ANSES.
www.observatoire-pesticides.gouv.fr/index.php?pageid=380
4-Clark C.M., Tilman D., Long-Trem Nitrogen Addition to Undisturbed Vegetation.2008
www.ceedarcreek.umm.edu/research/experiments/e001.php
Bonsoir,
Merci pour toutes ces informations très complètes et intéressantes.
Bravo !!!
Nicolas Leclercq
Bonjour Nicolas…et merci pour ton commentaire! Merci aussi de ta présence sur ces pages! Amicalement..
mmm,, intéressant cet article, donc en résumé, bio veut dire aliments moins pollués et plus nutritifs
Merci Véronique
Bonjour cher Amin…
Effectivement, “moins pollués et plus nutritifs” résume bien les choses. On pourrait aussi ajouter plus respectueux de l’environnement…et de la condition animale..