Impact de l’hypothyroïdie sur la métabolisation des médicaments et donc sur leur élimination
Aujourd’hui, je vais vous parler de l’impact de l’hypothyroïdie sur la métabolisation hépatique des médicaments;
La métabolisation hépatique des médicaments étant le processus par lequel notre foie transforme les substances actives, souvent en les rendant plus hydrosolubles, pour faciliter leur élimination par l’organisme;
Ce mécanisme se déroule en fait en 2 phases : la modification chimique (phase I) et la conjugaison (phase II). Retenez bien cette info pour la suite…
Alors, pourquoi ce sujet sur l’impact de l’hypothyroïdie sur la métabolisation hépatique ?
En fait, vous allez voir qu’un ralentissement du fonctionnement thyroïdien (hypothyroïdie) » peut impacter bien plus que l’équilibre émotionnel, le niveau de vitalité, le sommeil, les digestions, le transit, etc. Elle peut aussi avoir un impact significatif sur la métabolisation hépatique des médicaments,
Pourquoi?
Et bien l’hypothyroïdie ralentit la métabolisation hépatique des médicaments (donc leur prise en charge par le foie en vue de leur élimination), augmentant alors les risques d’accumulation et de toxicité.
Ce qui peut vraiment être problématique quand on prend certains traitements, comme par exemple des antidépresseurs, des anxiolytiques, du paracétamol, certains antiinflammatoires, des statines, et bien d’autres que je ne vous énumérerai pas ici…
Par quels mécanismes cette métabolisation hépatique des médicaments est ralentie ?
En fait, l’impact de l’hypothyroïdie sur la métabolisation hépatique des médicaments est principalement dû à la diminution du métabolisme basal, liée à cette fonction thyroïdienne réduite, qui affecte directement le fonctionnement du foie, principal organe responsable de la biotransformation des médicaments.
C’est quoi le métabolisme basal ?
Pour faire court, le métabolisme basal représente le fonctionnement général de l’organisme au repos. Ainsi, une diminution du métabolisme basal reflète un ralentissement global des fonctions essentielles, comme la production d’énergie, la régulation thermique, les processus vitaux (dont cette fameuse détoxification hépatique).
Voyons maintenant les 4 principaux mécanismes impliqués dans cette perturbation de la métabolisation hépatique des médicaments…
Le 1er→ la diminution de l’activité des enzymes hépatiques :
Vous savez peut-être déjà que la phase I de la métabolisation des médicaments au niveau hépatique est dépendante d’enzymes, les fameuses enzymes du cytochrome P450 (CYP),
Et bien ces enzymes voient leur activité réduite en cas d’hypothyroïdie,
Ce qui entraîne :
- Une diminution de la vitesse de métabolisation des médicaments.
- Une augmentation de la demi-vie plasmatique des médicaments métabolisés par ces enzymes, comme les benzodiazépines, les statines, certains antidépresseurs, etc.
En pratique, cela peut provoquer une accumulation des substances actives dans le corps, augmentant le risque d’effets secondaires ou de toxicité. Ce qui est vraiment problématique car on se retrouve alors face à des symptômes dont on ne comprend pas spontanément l’origine…
Le 2ème→ une modification de la phase II de la métabolisation :
La conjugaison des médicaments (phase II), qui implique des processus comme la glucuronidation* et la sulfatation**, peut également être altérée…
Par exemple, l’élimination de médicaments nécessitant une glucuronidation (comme le paracétamol ou certains anti-inflammatoires) peut être retardée, prolongeant leur effet dans l’organisme.
Le 3ème→ une réduction de la perfusion hépatique:
L’hypothyroïdie entraîne une diminution du débit cardiaque et, par conséquent, de la perfusion hépatique (= arrivée du sang dans le foie). Cela limite l’exposition du foie aux médicaments, réduisant encore davantage leur métabolisation.
Le 4ème processus→ l’altération de la liaison aux protéines plasmatiques :
Dans l’hypothyroïdie, les taux de certaines protéines plasmatiques (comme l’albumine) peuvent être modifiés;
Le problème, c’est que les médicaments se lient partiellement à ces protéines pour circuler dans le sang (en fait, ces protéines leur servent de transporteurs), mais seule leur fraction libre est active et disponible pour agir sur les tissus cibles;
Une diminution des protéines plasmatiques peut ainsi augmenter cette fraction libre, intensifiant les effets pharmacologiques et le risque d’effets secondaires. Tandis qu’une augmentation des protéines peut réduire leur efficacité.
Résumé des conséquences cliniques de cet impact thyroïdien sur la métabolisation hépatique des médicaments :
- Une augmentation des doses toxiques → les médicaments avec une marge thérapeutique étroite (par ex., digoxine, anticoagulants oraux) sont particulièrement concernés. Une vigilance accrue est donc nécessaire pour éviter des surdosages.
- Une réduction de l’efficacité de certains traitements → et à l’inverse, pour des médicaments dont l’effet dépend de leur activation hépatique (par exemple, les pro-médicaments comme le clopidogrel), l’efficacité thérapeutique peut être diminuée.
Que retenir de tout ça ?
Déjà, que l’hypothyroïdie doit être prise en charge (donc déjà diagnostiquée), de façon à normaliser rapidement le taux d’hormones thyroïdiennes, ce qui va progressivement restaurer (entre autres) la fonction hépatique et améliorer la métabolisation hépatique des médicaments..
Bien sûr, si l’hypothyroïdie est légère (TSH entre 2,5 et 4 mUI/L.), elle n’est pas prise en charge par le corps médical. Les outils naturels sont alors des outils de choix pour rétablir cet équilibre thyroïdien.
Il est aussi nécessaire, en cas d’hypothyroïdie, de réduire la dose initiale des médicaments métabolisés par le foie pour éviter des effets indésirables. Il faut bien sûr voir ça avec son médecin, qui pourrait aussi contrôler les concentrations plasmatiques des médicaments pris, en particulier, pour ceux ayant une marge thérapeutique étroite.
Voilà donc pour mon message du jour, qui rappelle aussi l’importance de ne pas laisser d’hypothyroïdie, même légère (ou « fruste ») sans prise en charge…
Et si cet article sur l’impact de l’hypothyroïdie sur la métabolisation hépatique des médicaments vous a intéressé-e, n’hésitez pas à le partager sur vos réseaux préférés.
Sur ce, je vous dis à très vite
Véronique